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Répertoire

Maxime Allard, OP

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Which theology for which humans ?

Sous un titre en forme de double question, le frère Maxime Allard, op, a invité l'auditoire de la KU Leuven à revisiter le lien entre la théologie et les humains à qui elle s'adresse. Sa conférence, donnée en anglais, interrogeait la manière dont les discours théologiques se construisent, se transmettent et façonnent à leur tour des figures de l’humain. À travers une réflexion exigeante, nourrie de Thomas d’Aquin et de multiples références contemporaines, le dominicain proposait une exploration vive et critique : quelle théologie pour quels humains — et, inversement, quels humains pour quelle théologie ?

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Crédit photo : Dominicains de Belgique

La question n’est pas neuve,

rappelait frère Maxime Allard : elle resurgit à chaque moment charnière de l’histoire, lorsque l’humanité redéfinit son rapport au savoir, à la foi ou à une crise. Aujourd’hui encore, les institutions universitaires et ecclésiales façonnent la manière de « faire de la théologie » : elles orientent ses discours selon leurs finalités, leurs publics, leurs contraintes. Entre le désir du théologien, la logique institutionnelle et les attentes des étudiants et étudiantes, se joue déjà une triangulation qui détermine la parole sur Dieu. Ces institutions: comment prennent-elles en compte les désirs des gens qui frappent à leurs portes? Est-ce que ce désir écouté change quelque chose à la manière de faire de la théologie?

fr Maxime Allard, OP

Conférence du 2 octobre 2025

“Toute théologie engage une certaine idée de l’humain, souvent implicite, qu’elle révèle autant qu’elle construit”


Autre possibilité,

on peut aborder la question depuis les manières dont, selon les contextes, la théologie prend pour figure paradigmatique le pauvre, la femme, le colonisé, le migrant ou le corps souffrant., etc. Chaque point de départ humain ne modifie-t-il pas la lecture de l’Écriture, la compréhension de la révélation, la manière d’articuler foi et justice? Penser Dieu à partir des marges ou à partir du « normal », est-ce que cela aboutit pas aux mêmes élaborations théologiques ou aux mêmes pratiques ecclésiales? Comment réfléchir à cela pour penser l'acte théologique?

Enfin, on peut explorer la question

depuis la manière dont différents écrits théologiques, patiemment, ont mis en scène et réfléchit l'humanité. Pour éclairer cette dynamique, le conférencier s’est tourné vers la Somme théologique de Thomas d’Aquin. Loin d’un traité abstrait, l’œuvre y déploie une véritable anthropologie, accumulant divers couches de l'expérience humaine les unes après les autres. Ainsi Thomas d'Aquin, en théologien déclare que sa perspective sera celle d'un être spirituel créé par Dieu et tourné vers Dieu. Mais rapidement, il ajoute que les humains, sont homme et femme, qu'ils ont un corps avec ses besoins. Puis lentement, il ajoute des dimensions à l'humain: être de relation, de connaissance et de désir, inséré dans un monde de sens et de chair. En suivant la trame du texte – de la création à la condition originelle, jusqu’à l’incarnation du Verbe – se dessine une humanité pensée couche après couche, où chaque dimension de l’existence prépare la compréhension de l'humanité du Christ. La première partie de la Somme théologique se termine sur les modalités de la coopération des humains au gouvernement divin: cela passe pas une réflexion sur la production du sperme!

Fr Maxime Allard, OP souligne

ainsi que toute théologie engage une certaine idée de l’humain, souvent implicite, qu’elle révèle autant qu’elle construit. En ces temps où les institutions, les sciences et les cultures bousculent nos représentations, il appelle à repenser ensemble la manière d’articuler la quête de Dieu et la diversité des visages humains. L’interrogation demeure ouverte, comme un espace de dialogue et de responsabilité partagée : la théologie, si elle veut rester vivante, doit sans cesse muter, repenser l'humain dans sa complexité et le faire depuis les demandes d'hommes et de femmes, dans des institutions à adapter à celles-ci.

Réécouter la conférence du 2 octobre 2025

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