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Répertoire

28 janvier : fête de Saint Thomas d'Aquin

Thomas d’Aquin, fêté le 28 janvier, est un des maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique. Il est souvent considéré comme un « Dominicain modèle ». Canonisé en 1323, il est docteur de l’Eglise depuis 1567 (« Docteur angélique ») et il est notamment patron des universités catholiques.

Il est également le patron de la Province dominicaine de Belgique et des Pays-Bas

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Thomas était un théologien érudit, académique et technique dans sa langue et sa façon de penser, comme il était courant à son époque, mais encore plus sobre et austère que son maître Albert le Grand. Cadet d’une famille noble de Naples, il rejoignit, en tant qu’étudiant, l’ordre mendiant nouvellement fondé des Prêcheurs.

Probablement pour l’éloigner de l’influence familiale, il fut envoyé à Paris pour étudier la théologie. Là, encouragé par son maître Albert, il entama une carrière académique qui le mena sans cesse entre Paris et sa région natale, jusqu’à sa mort, à environ cinquante ans.


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Aristote et l’Évangile

La passion théologique de Thomas se déploie dans deux directions. D’une part, il voulait en apprendre le plus possible sur la tradition chrétienne : les meilleurs textes de la Bible et les commentaires qui les accompagnaient. À travers cela, il cherchait à entendre aussi fidèlement que possible ce que l’Évangile signifiait réellement.

D’autre part, il s’intéressait intensément à tout ce qui pouvait expliquer son monde et les personnes qui y vivaient, notamment l’œuvre d’Aristote. Ce philosophe, alors suspect, examinait le monde et l’humanité en eux-mêmes, sans impliquer Dieu, et semblait croire en un destin aveugle.

Savoir et ne pas savoir

Mais Thomas, guidé par une intuition fondamentale, considérait comme sa mission de repenser tout l’héritage chrétien à partir de cette base. Aucun autre n’était mieux placé pour cette tâche, grâce à son érudition immense et à ses capacités de concentration phénoménales. Elles lui permettaient de plonger profondément dans les composantes de la foi et d’y découvrir de nouveaux liens ou des connexions oubliées, toujours en partant de l’idée que la Bible et Aristote traitaient d’une même réalité unique.

Cette vision nouvelle s’est déployée dans des dizaines d’écrits : des commentaires sur la Bible – son véritable travail – et sur Aristote, qu’il estimait souvent mal compris, ainsi que des disputes académiques, des œuvres synthétiques et des écrits circonstanciels. Tous sont rédigés avec patience, parfois d’une objectivité frustrante, mais animés d’une passion qui transparaît parfois dans le texte. Pourtant, il restait convaincu que nous ne pouvons presque rien savoir de Dieu et de son œuvre parmi nous. À la fin de sa vie, cette conviction le bouleversa au point qu’il cessa d’écrire.

Une pensée moderne et mal comprise

Ses contemporains le décrivaient avec des mots tels que « nouveau » et « moderne ». Il est d’autant plus dommage que ses idées novatrices – sur la valeur de la corporéité et des émotions, sur la responsabilité individuelle, sur les lois perçues non comme des ordres aveugles mais comme des ordonnancements, sur la signification de la résurrection de Jésus et des sacrements comme symboles – n’aient pas eu l’impact attendu dans l’Église. Ce sont plutôt les éléments qui servaient la gouvernance ecclésiastique qui furent retenus. Son modèle théologique, fondé sur le double chemin de l’écoute de l’Évangile et de l’attention au monde qui nous entoure, demeure son héritage le plus précieux.


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Pour aller plus loin

  • Marie-Dominique CHENU op, Saint Thomas d’Aquin et la théologie, Seuil, 1957. Disponible en poche dans la collection Points Sagesses.
  • Jean-Pierre TORRELL, Saint Thomas en plus simple, éditions du Cerf, 2019
  • Jean-Pierre TORRELL, Saint-Thomas d’Aquin, maître spirituel, éditions du Cerf, 2017

Copyrights : Lawrence Lew OP