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Le rire dans la Bible et chez les premiers chrétiens

Parution aux éditions du Cerf, l'ouvrage "Le rire dans la Bible et chez les premiers chrétiens, Ironie, cruauté ou joie de vivre ?" par Philippe HENNE op, professeur honoraire de l'Université catholique de Lille, janvier 2025

Philippe HENNE

Le rire dans la Bible et chez les premiers chrétiens, éditions du Cerf, p 34

“Si Jésus n'a pas ri aux éclats, il offrit néanmoins à ses contemporains la possibilité de se réjouir.”

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Comment les premiers chrétiens se positionnent-ils par rapport au rire ? Qu’en est-il du rire dans la Bible ?

Il y a mille façons de rire et différents humours, cela va sans dire. Il y a aussi rires et joies. Les pratiques et perceptions évoluent au cours des siècles, a fortiori dans les différents livres de la Bible.

Philippe Henne op, spécialiste des premiers siècles de l’Eglise, nous propose un parcours thématique accessible, fouillé et qui surprend bien souvent.

Rire dans l’Ancien Testament est souvent railleur, méprisant, dominant. A l’opposé, l’explosion de liesse collective lors du Passage de la mer Rouge ou le rire de Sara résonnent d’une joie pleine et entière.

Selon les auteurs, Jésus riait ou ne riait pas : venu pour nous sauver, c’est le Christ lui-même qui est source de joie. Les Ecritures font écho à la joie partagée des repas et rencontres, Elles soulignent le rire des surprises divines telle celle de la naissance de Jean le Baptiste. Les Evangiles ne rapportent aucun rire de la part de Jésus. Bien au contraire, c’est Lui qui subit des moqueries.

Relevons que trois éclats de joie célèbres de la Bible sont ceux de femmes : Sara, Elisabeth, Marie. Ils sont l’expression de leur merci pour ce cadeau qu’est l’Enfant.


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Au sein de la société civile, le rire diffère selon le niveau d’éducation. Il est une marque de classe sociale. Aristote méprise la bouffonnerie ; il juge utile un peu de rire pour désarçonner l’adversaire. Cicéron est plutôt sarcastique, pince-sans-rire. Dans la littérature chrétienne des écrits intertestamentaires, le rire est plutôt moqueur.

Pour le second siècle de notre ère, l’auteur est tout heureux de pouvoir nous présenter Le Pasteur d’Hermas, objet de sa thèse de doctorat : "L'homme gai fait le bien, pense le bien et méprise la tristesse" (Précepte X, 3, 2). La nuance se marque ici pour les siècles : le sourire éclaire le visage, le rire déforme les traits du visage.

Ce qui frappe au IIIème siècle sont les moqueries dont les chrétiens font l’objet d’une part et de l’autre, les rires grossiers sinon obscènes provoqués par les représentations théâtrales.

Les IV et Vème siècles font l’objet de deux chapitres distincts, l’un pour la littérature grecque, l’autre pour les écrits en latin. Entre humour et contenance, les Pères du désert se montrent plutôt joyeux : « Ne parlez pas de moines qui ne rient jamais. Ils ne sont pas sérieux. (Abba Euloge) ». Du côté romain, Saint Jérôme pourrait remporter une palme s’il n’était si ironique. Saint Augustin nous fait comprendre que la joie parfaite trouve sa place en Dieu. Saint Benoit inscrit dans sa règle la condamnation des paroles inutiles, de celles qui ont pour seul objet de faire rire : de l’importance du silence et d’une parole offerte.

Finalement, un chrétien peut-il rire ?

Oui ! Remercions Salvien de Marseille et surtout Saint Thomas d’Aquin qui va souligner l’importance de l’eutrapélie dans la Somme Seconda Secundae : il faut encourager la bonne humeur, c’est une question de charité chrétienne. Il y a du plaisir à être ensemble, en fraternité.

Un ouvrage qui se lit avec aisance, augmenté comme il se doit d’une bibliographie bien utile car une approche thématique encourage souvent le lecteur à aller plus loin, à progresser. On reconnaît le professeur qui cherche à faire grandir ses lecteurs en nous apportant toute sa connaissance peu commune de patrologue (spécialiste des pères de l’Eglise).

Geneviève Iweins

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Retrouvez l'interview de l'auteur en podcast sur RCF Liège:
émission Perspectives du 18 décembre 2024

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