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Répertoire

Alain Letier

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Institution des sept


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Photo: Pixabay

Actes des Apôtres 6, 1-15

01 En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien. 02 Les Douze convoquèrent alors l’ensemble des disciples et leur dirent : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. 03 Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, des hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous les établirons dans cette charge. 04 En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole. » 05 Ces propos plurent à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un converti au judaïsme, originaire d’Antioche. 06 On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains. 07 La parole de Dieu était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs parvenaient à l’obéissance de la foi.

08 Étienne, rempli de la grâce et de la puissance de Dieu, accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants. 09 Intervinrent alors certaines gens de la synagogue dite des Affranchis, ainsi que des Cyrénéens et des Alexandrins, et aussi des gens originaires de Cilicie et de la province d’Asie. Ils se mirent à discuter avec Étienne, 10 mais sans pouvoir résister à la sagesse et à l’Esprit qui le faisaient parler. 11 Alors ils soudoyèrent des hommes pour qu’ils disent : « Nous l’avons entendu prononcer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. »

12 Ils ameutèrent le peuple, les anciens et les scribes, et, s’étant saisis d’Étienne à l’improviste, ils l’amenèrent devant le Conseil suprême. 13 Ils produisirent de faux témoins, qui disaient : « Cet individu ne cesse de proférer des paroles contre le Lieu saint et contre la Loi. 14 Nous l’avons entendu affirmer que ce Jésus, le Nazaréen, détruirait le Lieu saint et changerait les coutumes que Moïse nous a transmises. » 15 Tous ceux qui siégeaient au Conseil suprême avaient les yeux fixés sur Étienne, et ils virent que son visage était comme celui d’un ange.

Institution des sept

Ce passage des Actes des Apôtres est le récit de la première crise de l’histoire de l’Eglise. Cela se passe à Jérusalem. Tout semble aller bien. Environ 3.000 personnes venant de différentes régions ont reçu le baptême, don de l’esprit. Ils mettaient tout en commun vendant leurs propriétés et leurs biens. Ceux-ci étaient gérés par les apôtres chacun recevant une part selon ses besoins, les apôtres étant les garants de l’entraide et de l’unité. C’est ce qui nous a donné une idée idéalisée des premiers chrétiens.

Cependant, le nombre de disciples augmentant, les apôtres ne sont plus en capacité de tout assumer. A cette époque, deux groupes linguistiques et culturels coexistent parmi les disciples : les hellénistes, juifs parlant le grec, venant du pourtour de la méditerranée et les hébreux, parlant la langue hébraïque, venant de Judée.

Les veuves du groupe helléniste (les veuves vivent dans la misère si elles ne sont pas aidées) ne reçoivent plus le « service quotidien » (l’assistance, la nourriture). Cela crée des tensions entre les deux groupes.

Que vont faire les apôtres pour trouver une réponse au conflit et garder l’unité? Ils convoquent une assemblée plénière des disciples pour annoncer qu’ils continueront à rester assidus à la prière et au service de la parole et qu’ils chargeront sept frères dans la fonction du service des tables.

Ils ne les choisiront pas eux-mêmes mais ils proposeront à l’assemblée plénière des fidèles de choisir en son sein des hommes de bonne réputation, remplis d’esprit saint et de sagesse. L’assemblée choisira sept hommes hellénistes pour s’occuper des veuves hellénistes. Les apôtres seront là pour accepter et rendre public ces choix.

Cette solution a toute son importance pour nous encore aujourd’hui : l’unité des chrétiens n’est pas à rechercher dans l’uniformité mais dans la diversité et le respect des cultures. Cette solution pragmatique ouvre aussi la voie à des responsabilités diverses dans l’Eglise en faisant confiance à des assemblées de fidèles pour choisir ceux et celles qui exerceront ces responsabilités. Aujourd’hui, l’Eglise ne serait-elle pas en chemin vers de nouvelles formes de services vécus en coresponsabilité et en harmonie entre toutes et tous ?