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Répertoire

Myriam Tonus

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Pierre et Jean devant le Sanhédrin
Communauté en prière


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Photo: Pixabay

Actes des Apôtres 4, 1-31

Pierre et Jean devant le Sanhédrin | Communauté en prière

01 Comme Pierre et Jean parlaient encore au peuple, les prêtres survinrent, avec le commandant du Temple et les sadducéens ; 02 ils étaient excédés de les voir enseigner le peuple et annoncer, en la personne de Jésus, la résurrection d’entre les morts. 03 Ils les firent arrêter et placer sous bonne garde jusqu’au lendemain, puisque c’était déjà le soir. 04 Or, beaucoup de ceux qui avaient entendu la Parole devinrent croyants ; à ne compter que les hommes, il y en avait environ cinq mille. 05 Le lendemain se réunirent à Jérusalem les chefs du peuple, les anciens et les scribes. 06 Il y avait là Hanne le grand prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre, et tous ceux qui appartenaient aux familles de grands prêtres. 07 Ils firent amener Pierre et Jean au milieu d’eux et les questionnèrent : « Par quelle puissance, par le nom de qui, avez-vous fait cette guérison ? » 08 Alors Pierre, rempli de l’Esprit Saint, leur déclara : « Chefs du peuple et anciens, 09 nous sommes interrogés aujourd’hui pour avoir fait du bien à un infirme, et l’on nous demande comment cet homme a été sauvé. 10 Sachez-le donc, vous tous, ainsi que tout le peuple d’Israël : c’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant vous, bien portant. 11 Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. 12 En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » 13 Constatant l’assurance de Pierre et de Jean, et se rendant compte que c’était des hommes sans culture et de simples particuliers, ils étaient surpris ; d’autre part, ils reconnaissaient en eux ceux qui étaient avec Jésus. 14 Mais comme ils voyaient, debout avec eux, l’homme qui avait été guéri, ils ne trouvaient rien à redire. 15 Après leur avoir ordonné de quitter la salle du Conseil suprême, ils se mirent à discuter entre eux. 16 Ils disaient : « Qu’allons-nous faire de ces gens-là ? Il est notoire, en effet, qu’ils ont opéré un miracle ; cela fut manifeste pour tous les habitants de Jérusalem, et nous ne pouvons pas le nier. 17 Mais pour en limiter la diffusion dans le peuple, nous allons les menacer afin qu’ils ne parlent plus à personne en ce nom-là. » 18 Ayant rappelé Pierre et Jean, ils leur interdirent formellement de parler ou d’enseigner au nom de Jésus. 19 Ceux-ci leur répliquèrent : « Est-il juste devant Dieu de vous écouter, plutôt que d’écouter Dieu ? À vous de juger. 20 Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. » 21 Après de nouvelles menaces, ils les relâchèrent, faute d’avoir trouvé le moyen de les punir : c’était à cause du peuple, car tout le monde rendait gloire à Dieu pour ce qui était arrivé. 22 En effet, l’homme qui avait bénéficié de ce miracle de guérison avait plus de quarante ans. 23 Lorsque Pierre et Jean eurent été relâchés, ils se rendirent auprès des leurs et rapportèrent tout ce que les grands prêtres et les anciens leur avaient dit. 24 Après avoir écouté, tous, d’un même cœur, élevèrent leur voix vers Dieu en disant : « Maître, toi, tu as fait le ciel et la terre et la mer et tout ce qu’ils renferment. 25 Par l’Esprit Saint, tu as mis dans la bouche de notre père David, ton serviteur, les paroles que voici : Pourquoi ce tumulte des nations, ce vain murmure des peuples ? 26 Les rois de la terre se sont dressés, les chefs se sont ligués entre eux contre le Seigneur et contre son Christ ? 27 Et c’est vrai : dans cette ville, Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et le peuple d’Israël, se sont ligués contre Jésus, ton Saint, ton Serviteur, le Christ à qui tu as donné l’onction ; 28 ils ont fait tout ce que tu avais décidé d’avance dans ta puissance et selon ton dessein. 29 Et maintenant, Seigneur, sois attentif à leurs menaces : donne à ceux qui te servent de dire ta parole avec une totale assurance. 30 Étends donc ta main pour que se produisent guérisons, signes et prodiges, par le nom de Jésus, ton Saint, ton Serviteur. » 31 Quand ils eurent fini de prier, le lieu où ils étaient réunis se mit à trembler, ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils disaient la parole de Dieu avec assurance.

Au service de quel pouvoir ?

Le conflit auquel ce passage des Actes nous fait assister en direct est comme inscrit dans l’histoire de l’humanité. C’est le constant affrontement au pouvoir établi, par une ou des personnes qui entendent demeurer fidèles à leurs convictions. Quelle que soit l’époque, le pouvoir établi n’aime pas ces trublions qui enthousiasment les foules, car cela pourrait, pense-t-il, menacer son autorité, amener du désordre… Pierre et Jean sont arrêtés parce qu’ils ont guéri un infirme et que cela a attiré une grande foule ; et parce qu’ils parlent à cette foule au nom de Jésus ressuscité. Les responsables religieux et politiques sont excédés, dit le texte et ils vont donc amener Pierre et Jean sur leur terrain, en posant la question qui est en effet centrale en politique : « Qu’est-ce qui vous permet de parler ainsi en public, de faire des adhérents ? Quelle est votre légitimité ? » – eux-mêmes se sentant évidemment investis d’une légitimité divine…

Et voici que Pierre, ce « simple particulier », cet homme « sans culture » proclame avec assurance ce qui deviendra le kérygme, le cœur de la foi de l’Église : leur légitimité, ils la placent dans Jésus, mort et relevé des morts par Dieu. C’est une véritable gifle pour le pouvoir en place, puisque c’est lui qui avait condamné Jésus à la crucifixion. Entendre que ce Jésus pourrait avoir transmis à ses disciples sa force de vie, capable de relever, de guérir et d’encourager les petits, qu’il est même la vraie pierre d’angle sur laquelle on peut construire sa vie, c’est vraiment insupportable. Et voilà la mise au jour sans concession de deux formes de pouvoir, l’un au service de la puissance et de l’intérêt personnel, et l’autre au service de l’humain et de son salut, c'est-à-dire d’une vie bonne et pleine, maintenant et par-delà de la mort.

Défaits sur leur propre terrain, les autorités tenteront - en vain - une énième menace en imposant le silence aux apôtres. Pauvre et dérisoire pouvoir ! Comme si l’on pouvait faire taire le Souffle de Dieu, le Défenseur, qui accompagne toujours celles et ceux qui s’en remettent à Lui…