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Répertoire

Jésus lave les pieds de ses disciples

Jean 13, 5.14-20

Jean-Pierre Binamé

L’épisode a profondément marqué l’évangéliste Jean, au point qu’il n’en a oublié aucun détail :« Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge qu’il met à sa ceinture. Il verse ensuite de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge à sa ceinture ».

Jésus a sans doute respecté scrupuleusement le cérémonial avec lequel un domestique ou esclave prend soin des pieds sales et meurtris de son maître quand il rentre de voyage.Et l’évangéliste Jean a très bien retenu aussi les commentaires que Jésus a ajouté quand il a eu fini cet humble travail :« Si je vous ai lavé les pieds, moi votre maître, dites-vous, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné. Ce que j’ai fait, faites-le vous aussi. Un serviteur n’est pas plus grand que son maître. Savoir cela vous rendra heureux, en tout cas si vous le mettez en pratique. »

Comme les exégètes le font remarquer, l’évangile de Jean est le seul à ne pas mentionner les paroles de Jésus au cours de ce dernier repas. Le rite de l’eucharistie qui en est né ne semble pas primordial à l’évangéliste Jean et à sa communauté. Plutôt que le rite, ce qui compte, c’est l’exemple donné par Jésus, dans cet épisode et durant toute sa vie, c’est la leçon à la fois très exigeante et très pratique qui en découle, c’est suivre ses traces comme il est dit dans la première épitre de Pierre.

Au grand dam de sa famille, Thomas d’Aquin était entré dans l’ordre mendiant de Saint Dominique. S’il vénérait le sacrement de l’eucharistie, il chérissait aussi les homélies de Jean Chrysostome sur l’évangile de Matthieu. Or, Jean Chrysostome disait finalement un peu la même chose que ce nous suggère ce passage de l’évangile de Jean : « Quel avantage y a-t-il à ce que la table du Christ soit chargée de vases d'or, tandis que lui-même meurt de misère ? Commence par rassasier l'affamé et, avec ce qui te restera, tu orneras son autel. Et à quoi bon revêtir la table du Christ de voiles d'or, si tu ne lui donnes pas la couverture qui lui est nécessaire ? Qu'y gagnes-tu ? Dis-moi donc : Si tu vois le Christ manquer de la nourriture indispensable, et que tu l'abandonnes pour recouvrir l'autel d'un revêtement précieux, est-ce qu'il va t'en savoir gré ? Est-ce qu'il ne va pas plutôt s'en indigner ? »