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Répertoire

Didier Croonenberghs

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L'annonce du reniement de Pierre

Jean 13, 36-38

« Là où je vais, tu ne peux pas me suivre »

Pierre est un beau parleur… Il se dit prêt à mourir pour Jésus, quelques heures avant de le renier. Mais ne jetons pas la première pierre à Pierre… Pierre est comme nous : fais de courage et de lâchetés. Encore une fois, Pierre ne réalise tout simplement pas ce qu’il dit… Il dit certes ce qu’il pense. Mais il ne pense pas vraiment ce qu’il dit…

Et Jésus l’invite à se dessaisir de sa vie… A un vrai lâcher prise !L’évangile nous le dit constamment : il y a vraiment un manquequ’il nous faut gagner !Il est cet espace qui nous permet de respirer ;cet écart nécessaire pour nous ouvrir à l’imprévu.Il est cette absence de certitude qui creuse notre désir de croire ;ce courage d’aimer sans posséder ;ce silence qui nous permet de prier ;ce risque qui donne confiance ;ce vide qui fait grandir notre espérance.

Vivre ce dessaisissement, c’est finalement se rendre disponible à la présence de Dieu dans nos vies. Il ne s’agit donc pas de tout abandonner mais de tout recevoir autrement.Voilà la sagesse pratique de l’évangile :quitter son propre encombrement pour recevoir tout autrement.

Et voilà que l’évangile nous invite à cet exercice pratique :il s’agit de revisiter notre histoire et nos relations avec la question suivante. Quelles sont nos richesses —affectives, matérielles, spirituelles— auxquelles vous tenez le plus ?



« Vivre ce dessaisissement, c’est finalement se rendre disponible à la présence de Dieu dans nos vies. »

Votre bien le plus précieux est peut-être votre épouseou votre époux, votre conjoint, vos enfants ?Les retrouver autrement, signifie dès cette vie-ci les voir non comme une terre conquise —votre conjoint, vos enfants— mais comme des personnes qui vous sont confiées. Ne sont-ils pas des êtres dont la vie et le secret ne vous appartiennent pas... Il faut parfois quitter son père et sa mère pour les retrouver comme frères et sœurs en humanité.

Votre bien le plus précieux est peut-être ce que vous avez réalisé, un projet, une terre... Là aussi, il s’agit de se dessaisir de sa vie. Accueillir le manque afin de renoncer à tout sentiment de propriété, à tout désir de maitrise, à tout besoin de reconnaissance... Alors, dans cet esprit d’ouverture et d’audace, les fruits que nous récolterons seront la patience, la bienveillance et une vraie sagesse de vie.

Lorsqu’on ne manque de rien, on n’a finalement besoin de personne. Mais lorsqu’on donne le tout de son être, lorsqu’on se dessaisit de sa vie, on n’a plus rien à perdre ! On est libre. C’est ce que, bien plus tard, Pierre découvrira. La sagesse du Christ consiste à se libérer, se déposséder du désir de vouloir posséder son salut, contrôler sa vie, afin de la recevoir autrement. Telle est la conversion profonde et radicale qu’il nous faut vivre.