Plus encore que les trois autres, l’évangile de Jean est un témoignage de foi, une relecture théologique de la vie de Jésus. On ne s’étonnera donc pas qu’après la guérison miraculeuse d’un aveugle, l’évangéliste offre une méditation qui peut paraître nous éloigner de ce miracle. Car les miracles, dans le nouveau testament, invitent à aller au-delà du merveilleux ; ils sont des signes, c'est-à-dire qu’ils renvoient à une réalité bien plus grande que la réalité terrestre. Ils sont racontés pour dire quelque chose de Jésus… et aussi de Dieu.
Les ennemis de Jésus, eux, s’en tiennent à la matérialité des faits : quel est cet homme qui s’est permis de violer le shabbat et qui – blasphème suprême dans le Judaïsme – ose entrer dans une relation d’égal à égal avec Dieu ? Serait-il habité par l’esprit du mal ? La réponse de Jésus est claire : « Mon Père est à l’œuvre et moi aussi je suis à l’œuvre ». Que le Dieu créateur soit sans cesse à l’œuvre, c’est bien ce qu’affirme la religion Juive au temps de Jésus. Dieu ne cesse de mener les humains sur un chemin de vie… et de les ramener lorsqu’ils s’égarent, tentés par les puissances du mal. Mais voici que Jésus affirme cette chose étonnante : lui qui est humain, a pour mission de faire ce que fait celui qu’il appelle son Père, dont la vie l’habite tout entier. Comme le Père veut la liberté et la vie des humains, lui aussi, inlassablement, guérit, libère, redresse, interpelle les humains qu’il rencontre, afin qu’ils se laissent habiter à leur tourde cette vie en plénitude que donne le Père.