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Répertoire

L’onction de Marie de Béthanie

Jean 12, 1-9

Michel Linder

Il semblait y avoir une belle ambiance dans cette maison de la banlieue de Jérusalem où Jésus partageait un bon repas chez ses amis : Marthe, Marie et Lazare à qui Il avait rendu la vie. Ses disciples l’accompagnaient ainsi que quelques convives qui voulaient le rencontrer.

Mais l’ambiance est cassée par la réaction de deux personnages aux caractères très contrastés : Marie et Judas.

Marie d’abord, elle répand un parfum très cher sur les pieds de Jésus. Ses cheveux sont dénoués, ce qui est une offense à la bienséance juive, mais son amour pour Jésus est bien plus fort que les conventions. Elle est probablement perçue comme une femme très spontanée. Elle fait ce que lui dicte son cœur et peut-être entrevoyait-elle le danger de mort que courrait Jésus, son Jésus, le prophète de Dieu, le Sauveur des hommes, celui que tout le monde veut rencontrer.

Quel amour sans condition et quel merveilleux parfum emplit cette maison qui pourrait bien représenter l’Église. On aurait voulu y être !

Jésus, apprécie le geste de Marie probablement parce qu’Il attache une grande valeur à cet acte d’amour désintéressé, spontané et très inhabituel.

Tout à coup la belle ambiance est complètement gâchée par la réaction agressive de Judas : « mais quel gaspillage ! vraiment on aurait pu vendre ce parfum et donner cet argent aux pauvres . d’ailleurs est-ce qu’elle y a même pensé ? qu’est-ce que c’est cette comédie ? en fait elle veut courtiser le Seigneur et se l’accaparer pour elle seule. Quelle égoïste ! »



«Quel amour sans condition et quel merveilleux parfum emplit cette maison qui pourrait bien représenter l’Église. On aurait voulu y être !»

La réaction de Judas est violente mais Judas avait ses travers : Jean, avec son intransigeance marquée l’a d’ailleurs appelé « hypocrite et voleur ».C’est très dur. Le théologien Guardini déchiffre bien le parcours de Judas en disant que s’il a trahi Jésus par un baiser de paix, il n’est pas arrivé là par hasard mais suite à une longue préparation. La possibilité de salut était en lui et il était appelé à devenir apôtre. Mais un jour sa volonté de conversion a été paralysée, on ne sait pas à quel moment, peut-être quand Jésus annonça l’Eucharistie et que beaucoup de ses disciples le quittèrent, trouvant ce discours intolérable. En restant avec Jésus il s’exposait à vivre à côté d’un saint, surtout à côté du fils de Dieu. A s’imaginer qu’on ne peut pas devenir aussi bon, aussi saint, on peut devenir un démon ! Judas n’a pas supporté la pureté surhumaine de Jésus.

Il est devenu l’allié naturel des ennemis de Jésus

et a vu en Lui un grand danger pour Israël. Et l’argent est devenu sa vie.

D’un côté donc Marie, spontanée et qui donne tout. Et en face Judas sous pression de la jalousie et de l’argent.

De son côté Jésus, toujours serein, pense à sa mort avec lucidité comme les grands malades qui savent qu’ils vont mourir et en parlent calmement avec leurs amis. Jésus sait que son absence va créer un grand vide.

C’est vrai Seigneur nous Te cherchons par la foi, par les sacrements et par la prière et souvent Tu nous parais absent. Aide nous à Te retrouver partout où Tu es, en particulier dans ces pauvres qui nous entourent et dont Tu disais : « ce que vous leur faites, c’est à Moi que vous le faites ».