Le mariage n'est pas de l'ordre de l'amour, le mariage est de l'ordre de la foi.
Vous devinez qu'une telle formule n'est pas innocente, ni intemporelle. Elle se situe dans nos sociétés fortement marquées par le bonheur et par le désir de réussir. On se marie, parce qu'on s'aime ! Ce serait la clé de la vie conjugale. Mais vous savez comme moi ce qu'il en est : beaucoup s'aiment sans se marier, et le taux de divorces ne cesse d'augmenter.
Cela dit, pour ne pas donner le change, je voudrais affirmer bien haut, sans céder à l'idéalisme ou au romantisme, que bien évidemment il n'y a pas de mariage sans amour, sans affectivité, sans sentiment ou sans coeur. Le contraire serait désolant. Même les mariages "à l'ancienne" étaient ceux où l'amour et même de grandes amours venaient, comme on dit, après ou avec le mariage. C'est ce que certains ont appelé joliment "l'amour silencieux".
Mais ce qui me semble important pour notre éducation au sacrement, c'est d'affirmer que le mariage ou le désir de se marier et de fonder un foyer est vraiment de l'ordre de la foi. Aimer quelqu'un jusqu'à l'épouser, c'est lui dire : je crois en toi ; avec cette réciprocité attendue comme toi tu crois en moi.
On comprend alors l'affinité secrète entre Dieu et l'amour conjugal. La révélation biblique n'a pas trouvé d'autre terme que celui d'Alliance conjugale pour dire l'Amour de Dieu pour son Peuple, pour l'humanité.
D'une certaine façon, cela expliquerait que, pendant des siècles, l'Eglise d'Occident n'ait pas fait dépendre le sacrement de mariage d'une quelconque célébration eucharistique. C'est cette foi affirmée l'un pour l'autre, l'un en l'autre, qui est le lieu même du sacrement. C'est pourquoi la vie conjugale est à vivre comme la foi, en demandant au Seigneur d'être là aux heures de doute comme aux heures de lumière, d'être le Roc pour le pire comme pour le meilleur.