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Répertoire

Augustinus Aerssens

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Récit de Pierre à Antioche


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Photo: Pixabay

Actes des Apôtres 11, 19-30

19 Les frères dispersés par la tourmente qui se produisit lors de l’affaire d’Étienne allèrent jusqu’en Phénicie, puis à Chypre et Antioche, sans annoncer la Parole à personne d’autre qu’aux Juifs. 20 Parmi eux, il y en avait qui étaient originaires de Chypre et de Cyrène, et qui, en arrivant à Antioche, s’adressaient aussi aux gens de langue grecque pour leur annoncer la Bonne Nouvelle : Jésus est le Seigneur. 21 La main du Seigneur était avec eux : un grand nombre de gens devinrent croyants et se tournèrent vers le Seigneur. 22 La nouvelle parvint aux oreilles de l’Église de Jérusalem, et l’on envoya Barnabé jusqu’à Antioche. 23 À son arrivée, voyant la grâce de Dieu à l’œuvre, il fut dans la joie. Il les exhortait tous à rester d’un cœur ferme attachés au Seigneur. 24 C’était en effet un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi. Une foule considérable s’attacha au Seigneur. 25 Barnabé partit alors à Tarse chercher Saul. 26 L’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Pendant toute une année, ils participèrent aux assemblées de l’Église, ils instruisirent une foule considérable. Et c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens ». 27 En ces jours-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. 28 L’un d’eux, nommé Agabus, se leva pour signifier sous l’action de l’Esprit qu’il y aurait une grande famine sur toute la terre ; celle-ci se produisit sous l’empereur Claude. 29 Alors les disciples décidèrent d’envoyer de l’aide, chacun selon ses moyens, aux frères qui habitaient en Judée ; 30 ce qu’ils firent en l’adressant aux Anciens, par l’intermédiaire de Barnabé et de Saul.

Récit de Pierre à Antioche

Luc est un excellent historien. Non seulement il raconte en détail les événements de l'Église primitive, mais il les situe également dans une perspective plus large de l'histoire. Il fait ainsi référence à une famine sous l'empereur Claude. Si l'on en croit le chroniqueur juif Flavius Josèphe, une grande famine a frappé la région autour de l'an 46.

On pourrait se demander : pourquoi cela importe-t-il ? Eh bien, tout comme Dieu est devenu homme et est entré dans notre temps et notre espace, ainsi cette parole de Dieu pénètre également notre temps et notre espace. Nous pouvons la situer et la dater. Et cela nous permet de nous y relier personnellement.

Dans ce cadre historique, nous pouvons placer d'autres événements, comme les persécutions mentionnées par Luc. Ces persécutions ont contraint les chrétiens à fuir le cœur du christianisme, à savoir la Judée et sa capitale, Jérusalem. Les chrétiens d'origine juive ont ainsi connu leur propre diaspora chrétienne.

Dans cette diaspora, certains prêchaient uniquement aux juifs. Mais le paysage social était bien différent de celui de la Judée. Les juifs étaient une minorité et vivaient dans des villes dominées par la culture grecque. Il n'est donc pas surprenant que certains aient commencé à s'adresser aussi aux Grecs dans leur prédication. Et comme toujours, la foi en Jésus-Christ restait au centre du message.

C'est dans ces conditions, à Antioche, que les disciples de Jésus ont été appelés pour la première fois "chrétiens". Il peut sembler logique qu'ils soient ainsi désignés d'après leur Maître. Cependant, ce mot a une signification plus profonde. Par le baptême et l'onction qu'ils reçoivent, les chrétiens sont eux-mêmes oints, à l'image de Jésus. Ils partagent sa royauté, son sacerdoce et sa prophétie. Ainsi, ils deviennent des "petits Christs". En eux, si tout va bien, quelque chose de Jésus brille. En Judée, on appelait encore les chrétiens "Nazaréens", en référence à Nazareth, la ville d'origine de Jésus. Mais c'est dans la diaspora, dans cet environnement étranger, que les chrétiens reçoivent un nom qui en dit davantage sur leur identité.

Cela nous est probablement familier : parfois, il faut être dans un lieu étranger pour découvrir qui nous sommes. Par le contraste avec ceux qui sont différents de nous, nous découvrons d'où nous venons et quelles sont nos convictions profondes. Ainsi, nous savons ce qu'est notre vocation et ce que nous avons à apporter. N'est-ce pas ce que Jésus veut dire dans l'Évangile lorsqu'il affirme que nous devons être le sel de la terre, la lumière du monde et le levain ?