Les impies ne sont pas dans la vérité lorsqu'ils raisonnent ainsi en eux-mêmes : « Notre existence est brève et triste, rien ne peut guérir l'homme au terme de sa vie, on n'a jamais vu personne revenir du séjour des morts.

Nous sommes nés par hasard, et après, nous serons comme si nous n'avions pas existé ; le souffle de nos narines s'évanouit comme la fumée, et la pensée est une étincelle qui jaillit au battement de notre coeur :si elle s'éteint, le corps s'en ira en cendres, et l'esprit se dissipera comme une brise légère.

Avec le temps, notre nom tombera dans l'oubli, et personne ne se rappellera ce que nous aurons fait.

Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s'oppose à notre conduite, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d'abandonner nos traditions.

Il prétend posséder la connaissance de Dieu, et s'intitule fils du Seigneur.

Il est un démenti pour nos idées, sa simple présence nous pèse ;car son genre de vie s'oppose à celui des autres, sa conduite est étrange.

Il nous regarde comme des gens douteux, se détourne de nos chemins comme s'il craignait de se salir. Il proclame bienheureux le sort final des justes, il se vante d'avoir Dieu pour père.

Voyons si ses paroles sont vraies, regardons où il aboutira.

Si ce juste est fils de Dieu, Dieu l'assistera, et le délivrera de ses adversaires.

Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience.

Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu'un veillera sur lui. »

C'est ainsi que raisonnent ces gens-là, mais ils s'égarent ; leur méchanceté les a rendus aveugles.

Ils ne connaissent pas les secrets de Dieu, ils n'espèrent pas que la sainteté puisse être récompensée, ils n'estiment pas qu'une âme irréprochable puisse être glorifiée.

Or, Dieu a créé l'homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu'il est en lui-même.

La mort est entrée dans le monde par la jalousie du démon, et ceux qui se rangent dans son parti en font l'expérience.

Mais la vie des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n'a de prise sur eux.

Celui qui ne réfléchit pas s'est imaginé qu'ils étaient morts ; leur départ de ce monde a passé pour un malheur ;quand ils nous ont quittés, on les croyait anéantis, alors qu'ils sont dans la paix.

Aux yeux des hommes, ils subissaient un châtiment, mais par leur espérance ils avaient déjà l'immortalité.

Ce qu'ils ont eu à souffrir était peu de chose auprès du bonheur dont ils seront comblés, car Dieu les a mis à l'épreuve et les a reconnus dignes de lui.

Comme on passe l'or au feu du creuset, il a éprouvé leur valeur ; comme un sacrifice offert sans réserve, il les a accueillis.

Au jour de sa visite, ils resplendiront, ils étincelleront comme un feu qui court à travers la paille.

Ils seront les juges des nations et les maîtres des peuples, et le Seigneur régnera sur eux pour toujours.