Comment cultiver la légèreté, l'allégresse ? Cicatriser sans nier, renier la blessure ? Se délivrer des chaînes les plus pesantes, comme des plus subtiles, celles dont on se libère en arrachant un peu de chair ? Faire fi de l'expérience aigre ou satisfaite. Passer l'éponge sur l'ardoise.

Le secret serait-il de renouveler à chaque aube le voeu de bonté ?

Bienveillance, préjugé favorable, oubli de l'offense, générosité et magnificence, aisance et grâce. Aller vers ce qui vient, les mains nues, le coeur simple, sans anxiété ni impatience.

La joie du vif plutôt que le poids du mort.

Il se peut que nous ne soyons vraiment nous-mêmes que dans l'émerveillement, l'éloge, la reconnaissance. Là s'exprime le meilleur de notre être, ce qui chante, s'ouvre et va à la rencontre de Celui qu'on ne peut nommer.

L'admiration n'est qu'un des noms de l'Espérance, une petite voie d'Espérance. Sortir du moi, souvent étroit et sombre, pour se laisser saisir par l'admiration. Décaper l'être de la couche d'usage et d'usure afin de contempler ce qui se présente de beau aux yeux éteints, habitués. Admirer le lever du jour, à chaque jour inimaginablement neuf, l'éveil des couleurs ; le jeu des saisons, les météores. Accueillir comme merveille le premier visage : le très familier, si proche qu'on ne le voyait plus.