L'amour - comme la foi - est une utopie. Il n'a pas de lieu définitif où se fixer. L'utopie désigne ici un ailleurs, elle signale une distance d'avec la réalité présente. Elle ne croit pas que l'avenir sera une simple extrapolation du passé et du présent. Elle récuse l'ontologie et le système clos pour privilégier l'histoire et la créativité. L'amour conjugal est voyage, attiré vers un pays dont il ne peut percevoir la félicité que de loin, très loin parfois. Il est toujours en constant devenir, en train de se faire... [...]

L'amour est une utopie. Elle signifie avant tout pour moi : espérance qui imagine d'autres chemins, possibilités différentes que celles inscrites dans nos déterminismes. Non pas rêve nocturne, mais désir éveillé, qui défatalise le présent où je suis peut-être englué et qui ouvre des portes d'espérance. Non pas une sécurité nouvelle dans l'imaginaire, qui remplacerait celle que pouvaient donner les représentations traditionnelles de l'amour et du mariage, mais nouvel horizon de compréhension qui nous paraît ouvrir un avenir pour l'amour et qui met la promesse conjugale dans une autre perspective.

"Je promets de chercher avec toi quelque chose de toujours différent. Je te promets de ne pas rester le même, mais d'évoluer, si possible à ton rythme, ensemble. Je m'engage à ne pas rester fixé sur mon passé, notre passé, sur l'idée que j'avais et que j'ai présentement de toi, du mariage. Mais de vivre avec toi en chemin."

L'utopie fait partie de l'humanité de l'amour. Elle signale ses limites, sa précarité, mais aussi son attente et son espérance. Elle postule que le risque de l'avenir est plus important et plus vivifiant que la sécurité du présent ou le souvenir gardé du passé. Cette sorte d'amour utopique, qui regarde en face sa faillibilité, est pour les forts... qui savent confesser leurs faiblesses.