La fidélité est une histoire de corps, du corps, des corps qui se rencontrent et se donnent l'un à l'autre. Il n'est de fidélité que dans et par cette incarnation. L'humaine fidélité n'est pas une conduite angélique : elle est inscription dans la chair de la continuité d'un choix où toute la personne s'est engagée, donnée, offerte. Elle est un risque qui n'est pas solitaire : la fidélité se vit avec autrui et se fonde sur la confiance faite, un jour, à l'étranger, l'étrangère, qui est devenue la personne la plus proche.
C'est bien au sein de cette relation étrange et étonnante que nous sommes appelés à vivre cette dimension de l'existence qu'est la fidélité, la donation à l'autre de ce qui nous est le plus cher et qui ne nous appartient pas : nous-mêmes. Conduite paradoxale de remise de soi à un (une) autre, qui ouvre sur ce risque permanent et aussi sur la joie. Il y a là un pari qui est un chemin infini de découverte et de soi et de l'autre.
Etre fidèle, c'est bien s'engager dans une aventure inconnue, parce que jamais écrite d'avance, qui rencontrera des aléas, des obscurités, des joies, des souffrances, des trahisons, des surprises. Comment tous ces moments seront-ils vécus dans un rapport à cette promesse première, ces mots échangés qui disaient le désir de construire ensemble une histoire, telle est bien souvent la question. Ainsi la fidélité est inventive : elle ne répète pas, mais recrée sans cesse en se souvenant de cet élan originaire qui a donné naissance à un mouvement de vie, d'existence vraie pour chacun.