Depuis plusieurs années, il y a quelque chose qui m'étonne et m'attriste dans notre monde occidental. Il s'agit du nombre de personnes tant hommes que femmes qui décèdent durant la première année de leur retraite. Alors qu'ils ont attendu ce moment pendant plusieurs décennies, voilà qu'ils ne profiteront pas de cette nouvelle étape de la vie. Une explication plausible serait la suivante. Dans notre société, nous sommes priés de conjuguer le verbe « faire » à tous les temps. Seul le « faire » importe et tellement il importe que parfois il nous emporte. Celles et ceux qui ne « feraient » pas ou qui ne feraient « plus » par décision volontaire ou par circonstances de la vie, n'ont plus droit au chapitre. Ils ne s'inscrivent plus dans cette société qui ne se définit que par son « faire ». Combien de fois, n'ai-je entendu des personnes qui se plaignaient que parce qu'elles ne travaillaient pas, on leur disait qu'elles ne pouvait pas comprendre la vie. Une telle conception de l'existence est à dénoncer à tout prix car le risque est grand : il est celui de nous identifier tellement à notre « faire » que lorsque nous ne faisons plus, nous n'existons plus. C'est comme si nous avions perdu notre propre identité. Je ne suis pas entrain de chercher à prôner une société fondée sur l'oisiveté, la fainéantise. Loin s'en faut. Je pense qu'il est plus que temps que nous remettions le « faire » à sa juste place et que tout être humain puisse à nouveau se définir par son « être ».