Nous voici au début d’une nouvelle année liturgique. C’est la période de l’Avent, la préparation à la fête de Noël, à la célébration de la venue du Fils de Dieu sur terre. Pour cela, l’évangile nous propose des images terrifiantes de cette arrivée, mais la première lecture nous promet quelque chose de plus beau et de plus important :

le droit et la justice

À l’époque du prophète Jérémie, comme à notre époque, tous les hommes rêvent de droit et de justice. La justice tout d’abord pour tous ces pays en guerre, pour que leur droit de vivre et d’exister soit respecté et que les femmes et les enfants ne soient plus victimes de bombardements aveugles et sanglants. Le droit et la justice, cela vaut aussi pour les gens qui sont maltraités ici, dans notre pays. Il y a plusieurs façons de maltraiter son conjoint : soit par la violence physique, soit par la violence morale. Parfois, j’entends une femme qui me dit : « je n’existe plus pour mon mari. Je suis transparente, translucide. Il ne me voit même plus. » Ou bien un homme dira, en soupirant : « elle (c’est-à-dire sa femme) ne m’écoute pas, elle ne m’écoute jamais. » Il y a tellement de souffrances qui se cachent derrière la porte des maisons ou des appartements. Il y a tellement d’espoirs déçus qui se transforment en poids lourds qui pèsent sur les coeurs.

Parce que le droit et la justice, ce n’est pas une question qu’on pose à un avocat ou qu’on présente au tribunal. Ce n’est pas une question de code ni de contravention. C’est une question de respect et d’épanouissement de la personne. Dans la Bible, quand on parle de justice, on parle de ce que l’un doit donner à l’autre. Par exemple, la justice des hommes pour Dieu, c’est l’adoration; la justice de Dieu pour les hommes, c’est la providence; la justice des parents pour les enfants, c’est l’éducation; la justice des enfants pour les parents, c’est le respect et la gratitude. Cela existe même dans un couple : la justice des conjoints l’un par rapport à l’autre, c’est le respect, l’aide et le soutien dans les difficultés, la gratitude aussi qu’il faut lui exprimer parce qu’il (ou elle) est là et que sa présence remplit ma vie et lui donne un sens. La justice dans un couple, c’est quelque chose qu’il faut sans cesse inventer, parce que rien n’est jamais acquis.

C’est sans doute la raison pour laquelle le prophète Jérémie parle d’un germe de justice : « je ferai germer pour David un germe de justice ». C’est parce que rien n’est jamais acquis dans l’ amour, l’amitié, les relations de voisinage, et même entre frères et soeurs. C’est tous les jours qu’on apprend à faire plaisir à l’autre et à recommencer à vivre avec lui ou avec elle. Tout ce que l’on essaie de faire est bien fragile et souvent nous sommes découragés. On préférerait en rester là, à ne plus devoir recommencer et risquer d’être déçus et blessés.

Et pourtant, à chaque eucharistie, le Christ recommence sa parade d’amour pour chacun d’entre nous.

Il recommence à nous dire de belles paroles d’amitié et de tendresse : c’est la liturgie de la Parole. Il nous invite ensuite à sa table : c’est la liturgie eucharistique. Il se donne enfin tout entier à chacun d’entre nous : c’est la communion.

Apprécions à nouveau la chance que nous avons : la Parole de Dieu nous éclaire, son exemple nous inspire, son corps et son sang nous nourrissent. Profitons-en. C’est grâce à cela que nous devenons ce que nous sommes déjà : des enfants de Dieu.