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Répertoire
Philippe Henne
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1er Dimanche ordinaire

Pourquoi Jésus est-il allé au bord du Jourdain pour se faire baptiser ? Voilà bien la question qui a embarrassé les premiers chrétiens !

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Et c’est pourquoi chaque évangéliste a essayé d’expliquer cette démarche inattendue et surprenante à sa manière. Dans l’évangile d’aujourd’hui, saint Luc trouve une première explication facile et rapide: c’est parce que « tout le monde se faisait baptiser ». Jésus est là dans la foule et il fait comme les autres, non pas parce qu’il n’a rien à faire d’autre, mais parce qu’il veut partager notre vie et notre existence dans les plus petites comme dans les plus grandes choses. Il a été un bébé comme chacun d’entre nous : Marie a dû le langer. Il a été un gamin comme les autres : il a couru dans les rues du village et il s’est blessé au genou en tombant, comme tous les garçons. Il est devenu un adolescent et il a aidé son père à l’atelier, comme tous les jeunes gens. Et il commence sa vie publique en accompagnant tous les juifs au bord du Jourdain pour y recevoir le baptême de pénitence de Jean.

Mais ce qu’il fait là, ce n’est pas par pénitence ou par désir de conversion : il n’a pas besoin de pénitence, ni de conversion, mais il a besoin du soutien de son Père. Et c’est cela qui se passe au bord du Jourdain. Dieu le Père lui dit : « Toi, tu es mon fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie. » Voilà une belle parole qu’on aimerait nous aussi entendre. Ce serait tellement beau si notre conjoint, notre voisin, notre collaborateur pouvait nous dire le matin :

« Je suis content de te voir; c’est toujours avec plaisir que je suis avec toi. »

Cela nous manque tellement, de telles paroles d’encouragement.

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C’est pour cela que je trouve très beau que chez les bénédictines on se salue.

Quand je célèbre la messe à midi, je les vois arriver une à une, et que se passe-t-il ? Quand l’une s’assied, elle se tourne vers sa voisine déjà installée, elle lui sourit et elle la salue en penchant la tête. Sa voisine lui répond, en faisant de même. Elles ont passé toute la matinée ensemble. Elles ne se sont rien dit. C’est la règle du silence, mais pas de l’indifférence. Ce n’est pas comme dans certaines familles où le grand garçon fait sa crise d’adolescence. Il passe tel un fantôme dans la maison, sans rien dire à personne. Il est malheureux et il rend tout le monde malheureux.

Et c’est là toute la différence. Le Christ, en quittant sa maison de Nazareth, commence une grande mission : celle d’annoncer l’amour de Dieu pour tous les hommes. Il part à l’aventure, loin du confort du ciel, loin de la chaleur de la maison maternelle. Et c’est là à ce moment-là que son Père, Dieu le Père, lui dit tout l’amour qu’il a pour lui. Il n’y aura plus de grandes paroles venues du ciel, si ce n’est lors de la Transfiguration. Mais là, avant de commencer sa vie, sa nouvelle vie sur terre, Dieu le Père a voulu lui dire tout l’amour qu’il avait pour lui. Pas simplement un petit mot d’encouragement, mais une vraie déclaration d’amour : « Tu es mon fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie. »

Cela fait tellement plaisir d’entendre cela. Puissions-nous, nous aussi, avoir le courage de le dire de temps en temps à ceux que nous aimons et qui nous donnent tellement.

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Copyright : Lawrence Lew op