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Répertoire
Jean-Bertrand Madragule
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29ème dimanche (B)

Chers frères et sœurs,

Un jour, un papa est en train de laver sa voiture. Avec beaucoup d’efforts, il la nettoie de sa saleté et la fait briller. Son fils cadet le rejoint et lui dit : « Papa, tu nettoies ta voiture avec beaucoup de cœur ». « Tu sais, dit le père, les autres ne le font pas assez bien pour moi. Ma voiture est importante et précieuse pour moi. Je dois y consacrer du temps et des efforts. » Marc, son fils, lui demande en retour : « Ne suis-je pas important et précieux pour toi ? » « Pourquoi ? », réplique son Père, très étonné ! — « Parce que tu n’as jamais de temps pour moi ! », répond Marc. Cette petite histoire nous amène à la Parabole du repas de noces royales. Elle nous pose deux questions : que valons-nous aux yeux de Dieu ? Et que vaut Dieu pour nous ?

En ce « Dimanche des Missions », le Pape François nous propose la Parabole du repas de noces royales dans le chapitre 22 de l’Évangile de Matthieu. Cette Parabole est une réponse que Jésus donne aux grands prêtres et aux pharisiens qui cherchaient à l’arrêter (Mt 21, 45-46), alors qu’il se trouvait à Jérusalem.

Jésus compare le Royaume des cieux, c’est-à-dire la vie avec Dieu, à une fête du mariage d’un fils de roi. Le mariage à l’époque de Jésus était vraiment une très grande fête de joie et d’amour qui durait plus d’une semaine. À quoi ressemble le Royaume des cieux si Jésus le compare avec l’image de la fête du mariage ? Pourquoi Jésus utilise-t-il cette image des noces et du repas festif ?

Le Royaume des cieux n’est pas une maison de correction, ni un centre de formation morale, ni une église ni une académie. Le Royaume de Dieu est plutôt une fête, une joie, un repas festif. Ici, il n’y a aucun chagrin, aucune affliction, mais seulement de la joie !

On peut voir tout l’Évangile de ce Dimanche des Missions résumé dans le fait que Dieu invite à sa fête : Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, est AMOUR. Dieu veut que nous – ses Créatures, créées à son image – participions à cet Amour, comme les invités participent aux joies d’un mariage. Parce que nous avons de la valeur aux yeux de Dieu, et qu’Il a écrit nos noms sur la paume de ses mains (cf. Isaïe 49, 16), Il nous invite au banquet de son Royaume. Non seulement les messagers sont même envoyés deux fois, mais la manière dont ils invitent met l’eau à la bouche : un bon rôti de bœuf et un tendre veau gras ; tout est prêt : venez à la noce (cf. Mt 22, 4).

Mais hélas ! Les invités refusent de venir : « l’un [va] à son champ, l’autre à son commerce » (Mt 22, 5). Les raisons invoquées par les invités pour ne pas répondre à l’invitation ne semblent pas très convaincantes. Dieu invite à faire une pause dans nos affaires. Mais nous préférons nous enfermer dans notre vie quotidienne. Nous trouvons toujours des raisons et des excuses : on n’a pas le temps, on est accablé de soucis de la famille ou de la communauté, on est débordé de travail.

Peut-être que, toi aussi, tu trouves facilement des excuses pour ne pas répondre à l’invitation personnelle du Seigneur. Combien de fois j’entends dire : je n’ai pas le temps de prier ni d’aller à la messe ni d’aller chanter à la chorale ? Dans ma famille, en République démocratique du Congo, le dimanche était un grand jour. Toute la famille se rendait à l’église. C’était une journée pleine de joie. Avec le temps, je comprends très bien pourquoi Jésus compare le Royaume des cieux à l’image de la fête du mariage ! Au mariage, c’est la fête, c’est la JOIE immense qui domine !

Face aux excuses répétées des invités, comment le Roi réagit-il ? Le Roi, c’est-à-dire Dieu donne une seconde chance aux invités : Il réitère son invitation et l’élargit à tout le monde. « Allez et invitez tout le monde à la noce » (cf. Mt 22, 9). C’est justement le thème que le Pape François a choisi pour ce Dimanche des Missions. Les serviteurs vont à la croisée des chemins et rassemblent tout le monde. La salle de noce est remplie de convives (cf. Mt 22, 10).

Dieu n’a donc pas annulé la fête du mariage, Il a plutôt changé de stratégie ! Tu es absolument libre de dire oui ou non à Dieu et à son invitation. Mais si tu ne veux pas répondre, Dieu en invite d’autres. Il envoie ses serviteurs à la rencontre des pauvres. Selon l’Evangéliste Luc, ce sont « les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux » qui sont invités (Lc 14, 21). Dans l’Évangile de Matthieu, c’est encore plus explicite : les serviteurs « rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons » (Mt 22, 10). Tous sont invités. Dieu se donne à tous sans condition préalable.

Comment les invités de la dernière heure réagissent-ils à l’invitation à la fête du mariage ? Le sentiment qui prédomine, c’est la joie, c’est l’émerveillement ! Rappelons-nous la joie de Lévi et de Zachée qui accueillent dans leur maison respective Jésus qui n’est pas « venu appeler les justes mais les pécheurs » (Mc 2, 17), qui « est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10). L’Évangile d’aujourd’hui me fait penser au Psaume 112, 12 que j’avais choisi comme devise pour ma messe de prémices : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ?» Mon cœur était plein de joie et d’émerveillement devant l’Amour infini de Dieu pour moi.

Si nous sommes si importants et précieux pour Dieu, que représente-t-il pour nous ? Certes, Dieu ne t’empêche pas de travailler, Il ne t’éloigne pas de ta famille et ne t’empêche pas de profiter de tes loisirs. Mais à travers tout ce que tu entreprends, Dieu occupe-t-il la première place dans ta vie ?

Ma sœur, mon frère ! Si tu y réfléchis bien, il n’y a rien dans la vie qui dépasse l’Amour de Dieu pour toi. Dieu est amour (1 Jn 4, 8). Il ne peut pas ne pas t’aimer. « Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? » (Mc 8, 36). Je me permets de rappeler la conversation du début. Marc se sent négligé par son père : « Tu n’as jamais de temps pour moi ». Ce qui est important pour moi, j’ai du temps pour cela ; je prends le temps pour cela.

Dieu t’invite aujourd’hui à participer au banquet de son Royaume. Et pour Jésus, le repas des noces, c’est le banquet de l’Eucharistie. Jésus t’accepte tel que tu es. Mais tu ne dois pas rester tel que tu es. Il t’invite à porter l’habit des noces, le vêtement de fête. Il t’a donné une seconde chance : la chance d’un nouveau départ, de recommencer et de te laisser transformer.

En ce Dimanche des Missions, la Parabole du festin des noces royales t’invite non seulement à devenir le Messager de l’invitation du Seigneur auprès de tous ceux que tu rencontreras sur ta route, mais aussi à partager la joie du banquet de l’Eucharistie en faisant un don à l’Église-sœur du Sri Lanka. « Il y a plus de JOIE à donner qu’à recevoir » (Rom 20,35). Amen.