L’évangile d’aujourd’hui nous montre comment on devrait voir la vie et les autres. C’est Élisabeth qui dit comment le faire.
Elle était encore toute bouleversée par la nouvelle vide qui commençait pour elle. Elle était enceinte, elle qu’on appelait la stérile. Depuis toujours, on se moquait d’elle, soit en cachette, soit devant elle. Dans la Bible, il y a plusieurs exemples de femmes ainsi bafouées. La plus célèbre, c’est Sara, la femme d’Abraham. Elle n’avait pas pu avoir d’enfant et tout le monde se moquait d’elle, même ses propres domestiques. Ce fut lorsqu’elle put avoir un fils, Isaac, qu’elle fit une chose qu’elle n’avait plus jamais faite depuis longtemps.
Rire, oui !
Sara avait oublié ce que c’était d’être joyeux, d’être heureux. Quand elle donna la vie à Isaac, elle se dit alors qu’elle était la plus heureuse des femmes.
C’était le même destin pour Élisabeth. Elle était maintenant déjà bien vieille. Elle ne pouvait plus espérer avoir d’enfant et pourtant voilà que le miracle eut lieu : elle était enceinte. Toute sa vie était bouleversée. Elle allait enfin pouvoir vivre. Mais elle n’était pas obsédée par ce miracle. Elle était encore capable de voir les miracles que Dieu pouvait faire à d’autres personnes.
Et c’est là le danger que nous courons souvent dans notre vie de tous les jours : être obsédé par nos ennuis ou par nos réussites. Nous sommes tellement plongés dans les soucis de la vie quotidienne ou par nos problèmes de santé que nous ne voyons plus ce qui se passe autour de nous, la souffrance de notre conjoint, la solitude de notre enfant, la grande peine qui accable notre frère ou notre soeur. Il faut parfois qu’il y ait une violente dispute pour que nous nous arrêtions et que nous écoutions le cri de douleur ou de souffrance de notre prochain.
Élisabeth était heureuse d’avoir retrouvé sa dignité de femme et d’épouse. Mais ce bonheur ne l’avait pas rendue aveugle ou sourde. Elle a été capable de voir la présence de Jésus dans le ventre de Marie. Elle a été capable de voir le Christ vivant dans la vie de Marie.
Et c’est sans doute cela que nous sommes invités à faire chaque jour : deviner la présence de Jésus dans le coeur de notre voisin, de notre conjoint, de nos enfants.
Nous ne sommes pas simplement entourés d’hommes et de femmes, nous sommes entourés par des enfants de Dieu qui, comme nous, ont été créés par amour, qui, comme nous, sont appelés à être heureux.
Et le dimanche est certainement le meilleur moment pour redécouvrir cela, car nous sommes tous réunis dans la prière, et c’est cette prière qui nous conduit vers la source de la vie, de la vraie vie, une vie remplie de l’amour de Dieu. La prière de notre voisin et de notre voisine est le plus beau signe de la présence de Dieu dans leur vie. Alors profitons de cette présence pour, nous aussi, mieux prier Dieu et mieux avancer vers lui.
Nous pourrons alors vraiment fêter parce que nous serons comme les bergers et les rois mages, capables de découvrir la présence du Fils de Dieu, même dans le corps d’un petit bébé. Préparons-nous donc à recevoir Jésus dans notre vie en le découvrant vivant dans la vie des autres.