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Répertoire
Jean-Bertrand Madragule
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3ème Dimanche de l'Avent

Gaudete, la paix est possible

Chers frères et sœurs,

J’ai lu une fois l’histoire suivante. Dans un grand amphithéâtre d’université, un professeur avait prononcé un discours devant des centaines d’étudiants sur le thème : « La paix est possible ». Il rentre chez lui en voiture. D’un côté, il est épuisé par sa conférence mais, d’un autre côté, il est heureux. Les participants s’étaient levés et l’avaient applaudi debout. « La paix est possible. » Donc, alors qu’il rentre chez lui en voiture, toutes les pensées qu’il a partagées avec les participants lui reviennent en tête : qu’est-ce que cela signifie, en pratique, que la paix soit possible ? Que les gens puissent vivre en liberté et que personne ne soit méprisé en raison de la couleur de sa peau, de ses origines ou encore de sa religion. Le conférencier n’avait pas non plus omis d’évoquer des sujets d’actualité, comme la maltraitance des enfants, la position des femmes dans la société et dans l’Église. Et c’est debout qu’il avait été applaudi.

« La paix est possible », tant au niveau individuel, familial et communautaire.

Arrivé à la maison, le conférencier se dirige alors vers la porte d’entrée du garage. Mais là, surprise : « Mon Dieu, le garage est fermé ! » s’exclame-t-il. Et en plus la clé n’est même pas accrochée à sa place habituelle au mur. Il se précipite alors dans la maison et hurle à sa femme : « Mais pourquoi le garage est-il fermé ? Et pourquoi la clé n’est-elle pas à sa place ! »

Sa femme s’apprête à lui expliquer pourquoi le garage est fermé, mais il claque la porte derrière lui et se précipite dans son bureau. « La paix est possible. » C’est beau de donner une conférence sur le thème « La paix est possible ». Mais c’est une autre chose de la mettre en pratique.


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Ce troisième dimanche de l’Avent nous propose la figure incontournable de Jean le Baptiste, celui dont Jésus lui-même disait : « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne n’est plus grand que Jean ; et cependant, le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui » (Lc 7, 28).

Jean le Baptiste ne s’est pas rendu dans un amphithéâtre d’université, mais prêchait la repentance au bord du Jourdain. À la différence du conférencier de notre histoire, Jean le Baptiste a réellement vécu ce qu’il prêchait. Les foules ont senti qu’il disait vrai. Sa prédication est le reflet de sa vie. « Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage » (Mt 3, 4).

De nombreuses personnes arrivent quotidiennement pour l’écouter et se faire baptiser en signe de conversion. Jean le Baptiste leur dit que se faire baptiser, c’est-à-dire descendre dans l’eau du Jourdain et recevoir un peu d’eau sur la tête, ne suffit pas. Il les invite à produire des fruits qui correspondent à cette démarche de conversion. En effet, « Tout arbre qui ne donne pas de beaux fruits est coupé et jeté au feu » (Mt 7, 19).

Ce qui compte donc, ce sont les fruits visibles et pas seulement le fait d’être baptisé.

Cette prédication de Jean le Baptiste sur la conversion provoque une grande émotion chez de nombreux auditeurs. Ils réagissent promptement et lui demandent : « Que devons-nous faire ? » (Lc 3, 10).

En réalité, dans la foule, il y a trois catégories distinctes qui posent cette même question concrète à Jean le Baptiste : les Juifs, qui constituent la majeure partie des fidèles ; les publicains, considérés comme des pécheurs publics car ils collectaient les impôts pour le compte de l’Empire romain ; et les soldats romains, venus eux aussi écouter la prédication de Jean.

« Que devons-nous faire ? » La réponse de Jean est vraiment surprenante. On aurait pu s’attendre à ce qu’il demande à ses auditeurs d’augmenter leur temps de prière ou de participer plus souvent aux cultes religieux. Ou de revêtir un habit de pénitence, de se nourrir de sauterelles et de miel sauvage, puis de se rendre au désert. Rien de tout cela ! Jean le Baptiste répond de manière concrète et se montre très pratique. Il dit aux Juifs tout simplement de partager les choses essentielles pour la vie : le vêtement et la nourriture. Et aux publicains de ne pas profiter de quelqu’un, c’est-à-dire de ne pas exiger plus que ce qui est fixé ; et enfin, aux soldats, de ne pas exercer la violence.


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Chers frères et sœurs,

« Que devons-nous faire, nous, aujourd’hui ? »

« Et moi ? Qu’est-ce que je dois faire ? »

Telle est aussi la question que chacun de nous se pose en ce troisième dimanche de l’Avent. À cette question, Jean le Baptiste, le prophète de la conversion, apporte des réponses précises. Il ne demande à personne de quitter la situation dans laquelle il se trouve, mais plutôt de montrer les fruits de sa conversion. Reste où tu es, mais montre les fruits de ta conversion. Ce sont ces fruits qui caractérisent la vraie foi d’un chrétien.

D’après mon expérience personnelle, la foi vient de Dieu et elle conduit toujours à Dieu. Mais depuis la Nativité, il y a plus de 2 000 ans, un homme pieux ne peut plus dire qu’il aime Dieu s’il ignore ou reste indifférent à son prochain. Depuis que Dieu s’est fait homme, Dieu porte le visage de l’homme et l’homme porte le visage de Dieu.

La question ultime, maintenant comme au jour du Jugement dernier, sera toujours : « Comment as-tu agi à l’égard de ton prochain ? »

Le troisième dimanche de l’Avent, celui de Gaudete (« réjouissez-vous ») ou « dimanche de la joie », t’invite d’abord à faire preuve de générosité envers les plus démunis. C’est aussi une forme de partage que de soutenir les nombreux projets de solidarité de notre diocèse. Gaudete, dimanche de la joie, est un dimanche de partage. Malheureusement, l’appel au partage est souvent moins entendu que les slogans publicitaires qui inondent les réseaux sociaux et nous incitent à acheter sans cesse.

Le troisième dimanche de l’Avent t’invite ensuite à ne pas rester indifférent envers ton prochain. En effet, il a été créé à l’image de Dieu. L’écrivain juif Élie Wiesel, rescapé de la Shoah, écrivait : « Le vrai danger, mon fils, se nomme Indifférence. Mon père ne m’avait jamais enseigné tant de choses en si peu de mots. »

Dans quelques jours, nous fêterons Noël. Ce sera pour toi l’occasion de donner de la joie à ceux et celles que tu aimes vraiment. Sois le porteur de joie à toutes les personnes en situation de précarité ou en détresse en accomplissant de petits gestes qui peuvent tout changer. En effet, la sagesse dit : « La joie que nous donnons aux autres nous revient tôt ou tard dans notre propre cœur. » Amen.

« Le vrai danger, mon fils, se nomme Indifférence. Mon père ne m’avait jamais enseigné tant de choses en si peu de mots. » Elie Wiesel

Crédit photos : iStock