Jésus avait une amitié profonde pour Marie, Marthe sa s½ur, et leur frère Lazare. Il a été profondément touché par la mort d'un ami et la douleur de ses s½urs. Est-ce là une image, un signe, une icône, de l'homme Jésus, de Dieu fait homme ?

Dieu, pour être homme, pour prendre chair, doit-il se « fragiliser » ? Doit-il devenir sensible, avoir des émotions, être capable de pleurer la mort d'un ami ?

Qui donc est ce Jésus ? Vraiment homme et vraiment Dieu a la fois. Et non pas en alternance, tantôt homme et tantôt Dieu. L'homme qui pleure Lazare, et Dieu qui le ressuscite.

Cet évangile nous entraîne dans un mystère, le mystère de la mort et de la résurrection. Cet espace mystérieux dans lequel la vérité reste inaccessible pour notre raison, mais toujours nous attire et nous entraîne plus loin.

Je voudrais, aujourd'hui, plonger avec vous dans ce mystère de l'homme/Dieu, sans essayer le percer, mais pour s'en laisser envelopper et pénétrer.

Qui est ce Lazare, vraiment mort, enseveli dans un tombeau fermé par une pierre et, trois jours après, debout dans son linceul, ressuscité ?

St. Jean est le seul des quatre évangélistes à nous raconter cette histoire, quelques jours avant la résurrection de Jésus, avant Pâques. Que veut nous dire Jésus mettant en scène sa propre résurrection ?

Jésus vrai homme, vraiment homme, homme en vérité ! L'évangile nous montre un homme Jésus qui ne parle pas de l'amour mais qui dit simplement « je t'aime » avec sensibilité et émotion. ; Un homme Jésus capable de faire de la place en lui pour quelqu'un, et en qui l'absence, le vide, fait vraiment mal.

Je crois que c'est cela la vérité de l'homme : Etre capable d'aimer, de faire,en soi, de la place pour l'autre et d'en faire de plus en plus pour se rapprocher de Dieu. En faire de plus en plus pour tendre à en être plein, à atteindre cette plénitude de Jésus, tellement plein d'amour qu'il est Amour, qu'il est Dieu !

On dit que Jésus portait en lui tout le péché du monde et qu'il est mort pour cela. Je préfère dire que tout en lui était place pour aimer, c'est-à-dire pour la vie de Dieu car il était Dieu. Et qu'il est mort pour nous céder la place.

En pleurant avec les hommes, en ayant mal avec eux, Jésus affronte la souffrance et la mort, tout ce qui empêche de vivre. Jésus, avec la résurrection de Lazare, nous entraîne avec lui, dans ce combat contre la mort, dans sa propre résurrection et la nôtre.

Marthe et Marie croyaient en Jésus. Elles l'aimaient vraiment. Elles le savaient capable de donner vie, de donner la Vie. Et il l'a fait.

N'est-ce pas là la vérité de l'homme, ce qui donne sens à sa vie, la clef du bonheur : sa capacité d'aimer. C'est-à-dire sa capacité de donner la vie, en se mettant debout avec ceux qui sont couchés, en ouvrant ses yeux avec ceux qui voient mal, en reconnaissant ses propres souillures et blessures pour accepter celles des autres. Je crois que beaucoup d'entre nous ont déjà ressenti ce bonheur, cette chaleur dans les entrailles, cette envie de courir en chantant, quand on aime et se sent aimé, quand on pardonne et se sent pardonné.

Alors la vérité de l'homme rejoint celle de Dieu. Le vrai Dieu, celui qui est ressuscité, qui est là, comme Lazare, debout, vivant dans son tombeau mais qui a besoin des hommes pour enlever le linceul et dégager les bandelettes. Ce Dieu, le Vivant, qui a besoin des hommes pour vivre, pour que l'amour puisse se répandre, se voir, se sentir, être palpable et rendre heureux.

Un peu comme un cadeau qui a besoin, pour être vraiment cadeau, pour être signe et relier, d'être déballé, de se laisser voir, de se laisser découvrir et approprier. « Jésus cria d'une voix forte : Lazare, viens dehors ! Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d'un suaire. ». La mission de Jésus s'achève ici.

Mais le texte continue : « Jésus dit alors a ses disciples : Déliez-le et laissez le aller ».Et c'est là que commence la mission des disciples, notre mission. Jésus, le Christ, a connu la mort des hommes pour que nous prenions sa place, pour que nous prenions le relais et le remplacions. Il est ressuscité pour que sa vie, la vie de Dieu, Dieu, continue à vivre en nous, à travers nous, et grâce à nous.

Nous en sommes dorénavant les garants et responsables. Que l'Eucharistie, que nous célébrons une nouvelle foi aujourd'hui, en soit la reconnaissance, l'acceptation et l'engagement pour que Pâques soit pour nous tous la fête de la Vie éternelle.