Article header background
Répertoire
Philippe Henne
image

Fête de la Sainte Famille

C’était la nuit. La lune éclairait d’une lueur blafarde le vaste désert de pierres qui s’étalait sous elle. Un petit groupe cheminait avec difficulté à travers les collines solitaires et désolées. C’était un homme qui guidait un âne. Sur l’animal, une femme se tenait assise. Elle avait enveloppé son petit bébé dans son grand manteau couvert de poussière...

image

... C’était Marie qui voulait protéger son fils du froid mordant du désert. Tous fuyaient la cruauté de la haine et de la guerre. Car c’était bien une guerre que le roi Hérode leur avait déclarée. De peur de perdre son pouvoir, il avait fait massacrer tous les nouveaux-nés. Apprenant cela, Joseph fut épouvanté. Vite, il rassembla ses quelques petites affaires et emmena Marie et Jésus vers l’étranger. Mais où aller ? Il n’avait pas osé traverser la Judée et être à tout moment arrêter par les soldats d’Hérode. Il prit le risque insensé de partir vers le sud, à travers le désert du Néguev et du Sinaï. C’était une longue route dans un pays hostile, sans abri, sans ville ou village où ils pourraient s’asseoir et prendre du repos. Le jour, le soleil était brûlant. La nuit, la température chutait dramatiquement. Il ne fallait pas s’arrêter.

Joseph avait honte. Il avançait tête baissé. Il ne se sentait pas vraiment un homme. Il n’avait pas pu offrir un toit sécurisé et un abri confortable à sa femme alors qu’elle devait accoucher. Il se souvenait de cette nuit terrible où, dans une méchante cabane aux planches mal ajustées, Marie avait dû accoucher. Il y avait bien eu des bergers qui, tout étonnés, étaient venus adorer un petit bébé. Joseph n’avait pas très bien compris pourquoi ils étaient venus, ainsi pendant la nuit. Pis encore ! Il n’avait rien à leur offrir, pas même une tasse de thé. Non décidément, un homme, un vrai, aurait fait autre chose.

Soudain, Joseph sursaute. Il entend le petit tousser. Inquiet, il se retourne et voit Marie relever un pan de son large manteau pour mieux couvrir l’enfant. Mais, avant cela, Joseph l’a vu, elle a passé le bout de son doigt sur la joue du petit bébé. Joseph avait envie de pleurer. C’était tellement beau et tellement triste en même temps. Joseph n’avait rien d’autre à leur offrir que la fuite en Égypte.

Cette petite famille nous montre que nous avons tous un rôle à jouer partout où nous sommes.

Il y a Jésus qui est la vie : c’est lui qui nous a créés, qui est venu parmi nous pour nous rendre la joie de vivre. Il y a Marie qui donne la vie : c’est elle la mère qui a porté son enfant, l’a mis au monde et va l’éduquer maintenant. Et il y a Joseph qui veille sur la vie. Il la protège, non pas avec une grande armée et une dizaine de médecins, mais avec tout son amour et toute son attention.

C’est peut-être à nous aujourd’hui à dire merci à tous ceux et toutes celles qui nous ont donné la vie et qui ont veillé sur nous.

Ils ont tous fait ce qu’ils ont pu avec ce qu’ils avaient et surtout dans les circonstances dans lesquelles ils vivaient. Les uns nous ont apporté la vie, les autres l’amour, d’autres encore leur amitié et leur présence. Il ne faut pas grand-chose pour apporter le soleil de la vie et la chaleur de l’amour. Il faut simplement des gens de bonne volonté, qui, sans orgueil, mais avec humilité, portent et transportent ceux qu’ils aiment vers l’océan d’amour de Dieu.

Il suffit d’une toute petite chose, comme une hostie pour que Dieu soit présent dans notre vie.

Nous aussi, portons aujourd’hui cette petite hostie d’amour à notre prochain. Il y a là beaucoup plus que du pain. Il y a là tout l’amour de Dieu.

image

Crédit photo : op.org et Lawrence Lew OP