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Répertoire
Philippe Henne
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3ème Dimanche ordinaire C

Le récit des événements parmi nous : Luc 1, 1 - 4

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Nous avons aujourd’hui le tout début de l’Évangile selon saint Luc. L’évangéliste présente son récit comme une oeuvre scientifique. Il insiste sur son travail de recherche : il a consulté les témoins oculaires, ceux qui ont vu de leurs propres yeux tout ce qui s’était passé. Il a ensuite recueilli avec précision tout ce qui lui a été dit. Tout cela, pour avoir un enseignement solide. Ce n’est pas du journalisme dans le mauvais sens du terme, c’est-à-dire des impressions fugitives ou superficielles comme lors d’un accident ou d’une catastrophe naturelle. Non, saint Luc a voulu faire un travail sérieux, en se renseignant auprès de personnes qui ont vu Jésus guérir des malades, qui l’ont entendu prêcher, qui l’ont vu mourir et surtout ressuscité. Ce sont des faits matériels, réels, concrets, pas des impressions ou le fruit de l’imagination.

Cela, c'est important pour lui, comme pour nous. Saint Luc est un peu comme nous, ou nous sommes un peu comme saint Luc, c’est-à-dire que ce n’est pas apôtre qui a connu Jésus personnellement. Il croit, comme nous croyons, en faisant confiance à des témoins proches du Seigneur. Et cela vaut peut-être mieux parce que, regardez la fin de l’Évangile d’aujourd’hui : les gens de son village, de Nazareth, ont du mal à accueillir Jésus pour ce qu’il est, le Fils de Dieu. Ils avaient tellement l’habitude de le voir tous les jours, enfant courir dans les rues, adulte travailler dans l’atelier de son père Joseph. Ils ne pouvaient pas imaginer qu’il pouvait être l’envoyé de Dieu, le Fils du Très-Haut.


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Et c’est peut-être là le danger pour chacun d’entre nous : c’est d’être tellement habitué

à venir à l’église qu’on en oublie le personnage révolutionnaire que nous venons rencontrer, un homme mort sur la croix, mais ressuscité parce qu’il est le Fils de Dieu et vivant dans la sainte Eucharistie. C’est pour cela que nous avons tellement besoin qu’on nous dise et qu’on nous répète toutes les merveilles que Jésus a faites durant sa vie et toutes les merveilles qu’il fait pendant notre vie. Nous devons être plus intelligents que les habitants de Nazareth. Nous devons être capables de découvrir Jésus vivant dans sa Parole et dans l’eucharistie, malgré les bruits de guerre et les moments de découragement.

Et quand nous retournons chez nous aujourd’hui après cette eucharistie, nous devons être capables de découvrir Jésus vivant dans notre vie, dans notre conjoint, dans nos frères et soeurs, et d’être admiratifs pour tout ce que Dieu fait pour nous tous les jours, de façon discrète, mais de façon efficace, si nous voulons bien le voir et l’accueillir. La grâce de Dieu est plus forte que les ténèbres de l’hiver.

Une parole de tendresse peut briser les murs de la solitude et soulever le poids de l’amertume.

Serons-nous comme les habitants de Nazareth médusés et incrédules devant ce jeune homme, Jésus, qu’ils croyaient bien connaître mais qu’ils n’écouteront pas ou serons-nous comme Matthieu le publicain, Pierre le pécheur ou la Samaritaine, capables d’être étonnés, surpris par la beauté d’un étranger qui surgit dans notre vie, même si cet étranger est quelqu’un que l’on croit bien connaître.

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Crédit photos : Lawrence Lew OP & op.org