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Répertoire
Philippe Henne
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6ème Dimanche ordinaire

Malheur à vous, les riches!
Ces paroles sont effrayantes. Comment Jésus qui est venu sur terre pour révéler l’amour du Père, comment Jésus peut-il dire de telles choses ? Lui qui pardon et miséricorde, comment peut-il prononcer une telle condamnation ?

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Ce qui est plus surprenant encore, c’est que ces paroles ne se trouvent que dans l’Évangile selon saint Luc.

Les autres Évangiles, et en particulier celui de saint Matthieu, présentent les béatitudes, c’est-à-dire les paroles où Jésus dit : « Bienheureux les doux, bienheureux les pacifiques, bienheureux les miséricordieux ». Ici, dans cet Évangile selon saint Luc, on trouve également ces béatitudes : « Bienheureux les pauvres, bienheureux ceux qui ont faim, bienheureux ceux qui pleurent. » Et Jésus dit pourquoi ils sont bienheureux, c’est parce qu’ils connaîtront la richesse, le bonheur et le rire. Après avoir vécu ces périodes de pauvreté et de tristesse, ils seront rétablis dans leur véritable dignité d’enfants de Dieu, avec toute la tendresse de Jésus autour d’eux. Mais, ici, chez saint Luc, c’est la condamnation, l’exclusion, le rejet.

Et c’est d’autant plus étonnant que l’Évangile de Luc est connu pour être celui de la miséricorde.

C’est le seul Évangile qui raconte la parabole du fils prodigue. Et qu’y voit-on ? Un père qui attend avec impatience le retour de son fils et qui lui pardonne toutes ses bêtises. L’Évangile de Luc est aussi le seul qui raconte la rencontre de Jésus avec la femme adultère. Les juifs voulaient la lapider. Jésus lui dit de ne plus recommencer. Partout on trouve la même attitude de Jésus : celle du pardon et de la miséricorde.

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Sauf ici ! Jésus condamne durement les riches.

Pourquoi ? Jésus le dit lui-même : parce qu’ils sont repus et satisfaits d’eux-mêmes, parce qu’ils ne se préoccupent pas de leurs frères, ni de leurs soeurs. Luc, encore une fois lui, est le seul à raconter l’histoire du pauvre Lazare et de l’homme riche qui faisait chaque jour des banquets. Cet homme riche était tellement égoïste qu’il ne voyait pas le pauvre Lazare qui mendiait devant sa porte. C’est cela qui révolte le Christ : l’indifférence devant la misère qui est pourtant criante devant nos yeux. Nous ne pouvons certes pas soulager toute la misère du monde et Jésus ne l’a pas fait pendant sa vie sur terre. Mais ce que Jésus a fait, c’était apporter une parole d’amour et de gentillesse aux personnes qu’il a personnellement rencontrées.

Et c’est peut-être le défi qui nous est lancé aujourd’hui : distribuer aux autres ce que nous avons reçu : la tendresse et le réconfort, la joie de vivre parce que l’on sait que l’on est aimé.

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