L’Évangile du quatorzième dimanche du temps ordinaire, selon saint Luc, parle également d’un voyage. La moisson est si grande que les douze disciples que Jésus a déjà envoyés (Luc 9, 1-6) ne suffisent pas. À l’instar de Moïse qui avait désigné 70 anciens d’Israël et pris les deux fils d’Aaron pour l’aider à porter les fardeaux du peuple (Exode 24, 1), « le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, dans toute ville et localité où lui-même allait se rendre » (Luc 10, 1).
Contrairement à nos listes de matériel pour les vacances, Jésus ne dresse aucune liste. Il demande cependant à ses disciples de ne rien emporter : ni bourse, ni provisions, ni même de chaussures (cf. Lc 10, 4). Il les prévient également qu’ils doivent s’attendre à rencontrer de la résistance et du rejet dans leur mission : ils seront comme des agneaux au milieu des loups, sans défense (Luc 10, 3).
Pourquoi une telle restriction de la part du Seigneur ?
L’efficacité de la mission ne dépend pas de la disponibilité des moyens. Elle dépend avant tout de l’action de Dieu qui féconde les efforts de celles et ceux qui ont répondu à son appel par l’intermédiaire de son Esprit Saint. Lorsque Jésus leur dit de ne rien prendre pour la route, c’est d’abord parce qu’il ne les envoie pas en vacances, mais leur confie une mission précise : apporter la paix, guérir les malades et annoncer le Royaume de Dieu. Peu avant sa mort, Jésus demande à ses disciples : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? » (Lc 22, 35). Ils lui répondirent : « Non, de rien » (Lc 22, 36). La deuxième raison est que Jésus attend de ses disciples qu’ils aient foi en Dieu le Père, qui les envoie en mission, et en l’Esprit qui leur permettra de porter beaucoup de fruits. La troisième raison pour laquelle Jésus envoie ses disciples sans ressources est la suivante : ils doivent compter sur l’hospitalité des gens et sur l’amour infini de Dieu, accepter avec gratitude l’hospitalité qui leur est offerte et annoncer que le Royaume de Dieu est proche (cf. Lc 10, 9).
Après avoir accompli leur mission, les 72 disciples reviennent pleins d’enthousiasme et racontent avec joie leurs expériences : ils ont prêché la Bonne Nouvelle, les esprits ont été conquis et ils ont guéri les malades au nom de Jésus. Jésus lui-même témoigne avoir vu Satan tomber du ciel comme l’éclair (Luc 10, 18). Les disciples n’attribuent pas leur succès à leurs propres qualités, mais à l’invocation du nom de Jésus.
Ce nom, qui vient de l’ange Gabriel et a été transmis à Marie, signifie « Dieu sauve ».