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Répertoire
Philippe Henne
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21ème Dimanche ordinaire

« On viendra de l’Orient et de l’Occident prendre place au festin »

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Remparts de la Valette - crédit photo : Lawrence Lew op

Quarante ans de vie commune, et puis le divorce. C’est toujours avec une certaine sidération que l’on voit des couples se séparer ainsi. On les avait bien connus. Ils étaient sympathiques et engagés. Ils étaient dynamiques et toujours actifs. Et voilà que la cinquantaine arrivée, ou la pension atteinte, ils se séparent. Plus rien. Le désert pour l’un comme pour l’autre. Comment peut-on en arriver là ? Quelle question pour chacun d’entre nous !

Il est vrai que, eux comme nous, nous prenons de mauvaises habitudes. D’un côté, la mère de famille s’investit tout entière dans l’éducation et l’amour de ses enfants. De l’autre, le mari se donne tout entier à son travail. Même le samedi matin, il va au bureau ou à l’atelier. Le dimanche, il rejoint ses amis pour le club de football ou l’association des mal-logés. Il y a toujours tant à faire. Il y a toujours une bonne excuse pour ne pas rester à la maison. On n’a plus rien à se dire. On n’a plus rien à faire ensemble. Parfois on redoute même les journées de fête, comme la Noël ou le Nouvel An. Vite on invite des amis ou des connaissances pour éviter de rester seul face à l’autre, cet étranger.

C’est le danger qui nous guette tous, non seulement dans le couple, mais aussi avec Dieu.

On n’a plus rien à se dire. On ne sent plus rien. On ne ressent plus rien. Les messes sont vides. La prière n’est plus rien qu’un long silence ennuyeux et solitaire. Le pire serait d’entendre Jésus qui nous dise : « Je ne sais pas qui vous êtes » ou plus précisément : « Je ne sais plus qui vous êtes. » C’est alors qu’il faut se rappeler la détresse de la Vierge Marie quand, à Jérusalem, elle a cherché pendant trois jours son fils, son petit, Jésus, qui était resté au Temple pour discuter avec les scribes et les docteurs de la Loi. Marie avait alors connu l’inquiétude d’avoir perdu son fils, de connaître le vide de l’absence et de l’abandon.

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Crédit photo : Lawrence Lew op

C’est là le grand danger que nous courons tous, celui de nous habituer au silence et à la solitude.

Pour pouvoir accueillir quelqu’un, pour pouvoir le chercher et le trouver, il faut laisser monter en soi le cri et le besoin d’être aimé, vraiment aimé. On peut se saouler de travail, s’enivrer de mille occupations intéressantes, mais le vide s’agrandit dans notre coeur, et la vie paraît bien triste et solitaire.

Il faut alors avoir l’audace d’ouvrir les bras et de se tourner vers le Christ rédempteur et sauveur. Il faut avoir la force et le courage de ces hommes et de ces femmes qui, à travers toute l’histoire de l’humanité, ont marché comme les Hébreux à travers le désert parce qu’ils voulaient rejoindre la Terre promise, celle où le Christ a établi la tente de la rencontre, la table de l’amitié et le séjour d’un amour éternel.

L’amour et la tendresse ne sont pas des beaux souvenirs oubliés. Ce sont des sentiments qu’il faut sans cesse renouveler dans la méditation des événements du passé (c’est l’Écriture) et dans le partage de la présence (c’est l’Eucharistie). Dieu nous attend. Ne laissons pas refroidir le feu de son amour pour nous. Partageons la prière de nos frères et soeurs au cours de cette eucharistie et reconnaissons que nous avons infiniment besoin de son amour.

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crédit photo : Lawrence Lew op