Quarante ans de vie commune, et puis le divorce. C’est toujours avec une certaine sidération que l’on voit des couples se séparer ainsi. On les avait bien connus. Ils étaient sympathiques et engagés. Ils étaient dynamiques et toujours actifs. Et voilà que la cinquantaine arrivée, ou la pension atteinte, ils se séparent. Plus rien. Le désert pour l’un comme pour l’autre. Comment peut-on en arriver là ? Quelle question pour chacun d’entre nous !
Il est vrai que, eux comme nous, nous prenons de mauvaises habitudes. D’un côté, la mère de famille s’investit tout entière dans l’éducation et l’amour de ses enfants. De l’autre, le mari se donne tout entier à son travail. Même le samedi matin, il va au bureau ou à l’atelier. Le dimanche, il rejoint ses amis pour le club de football ou l’association des mal-logés. Il y a toujours tant à faire. Il y a toujours une bonne excuse pour ne pas rester à la maison. On n’a plus rien à se dire. On n’a plus rien à faire ensemble. Parfois on redoute même les journées de fête, comme la Noël ou le Nouvel An. Vite on invite des amis ou des connaissances pour éviter de rester seul face à l’autre, cet étranger.
C’est le danger qui nous guette tous, non seulement dans le couple, mais aussi avec Dieu.
On n’a plus rien à se dire. On ne sent plus rien. On ne ressent plus rien. Les messes sont vides. La prière n’est plus rien qu’un long silence ennuyeux et solitaire. Le pire serait d’entendre Jésus qui nous dise : « Je ne sais pas qui vous êtes » ou plus précisément : « Je ne sais plus qui vous êtes. » C’est alors qu’il faut se rappeler la détresse de la Vierge Marie quand, à Jérusalem, elle a cherché pendant trois jours son fils, son petit, Jésus, qui était resté au Temple pour discuter avec les scribes et les docteurs de la Loi. Marie avait alors connu l’inquiétude d’avoir perdu son fils, de connaître le vide de l’absence et de l’abandon.