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Répertoire
Philippe Henne
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2ème Dimanche de l'Avent

« Une voix crie dans le désert »

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Statue de saint Jean-Baptiste, église saint-Jean-Baptiste NYC © Lawrence Lew, OP

Quelle idée de s’installer dans le désert pour haranguer la foule !

C’est à Jérusalem que Jean-Baptiste aurait dû aller. Il y aurait rencontré bien plus de gens. Il est vrai que ce qu’il annonçait ne devait pas plaire aux Romains. Jean-Baptiste ne venait-il pas proclamer que le Messie, le sauveur, allait bientôt arriver ? C’était là une déclaration politique, hostile à l’occupant. Jean-Baptiste aurait risqué d’être aussitôt arrêté. Mais il n’était pas nécessaire de parler au milieu de Jérusalem. Jean-Baptiste aurait pu parcourir la campagne et faire sa propagande dans tous les petits villages. Cela aurait fonctionné comme une traînée de poudre qui aurait pu exploser au beau moment. Mais non ! Il a préféré aller s’installer dans le désert, loin de villes et de l’agitation pour annoncer cette future libération. Pourquoi ?

Justement parce qu’il annonçait un évangile de conversion, c’est-à-dire de changement de vie. Au lieu d’annoncer une révolution politique, il préconisait un nouvel art de vivre.

Pour cela, il fallait que les gens fassent une première démarche, celle de quitter leurs maisons et leurs habitudes pour aller vers lui.

C’est ce que nous faisons tous les dimanches. Nous quittons nos foyers, nous traversons le froid et la pluie pour nous installer dans une église plus ou moins bien chauffée. Et nous le faisons parce que nous savons que Celui qui nous y rencontrons vaut mieux que la chaleur douillette d’une maison proprette et bien entretenue.

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Ghirlandaio, fresque de l'église Santa Maria Novelladu couvent des Dominicains,Florence © Lawrence Lew, OP

Mais Jean-Baptiste n’est pas facile : il insultait les pharisiens parce qu’ils étaient trop sûrs d’eux. Ils étaient fiers d’être les fils d’Abraham, et ils avaient raison, mais ils considéraient cela comme un privilège à vie. Ils n’avaient pas besoin de changer quoi que ce soit. Déjà dans l’Ancien Testament, le Seigneur avait plusieurs fois dit et répété : « Ce ne sont pas les sacrifices que je veux; ce que je veux, c’est la miséricorde » (Osée 6, 6). Et c’est le défi qui nous est lancé pendant cette période de préparation pour la fête de Noël, rallumer en nous l’amour de Dieu et du prochain. Jean-Baptiste le dit lui-même : « Moi je baptise dans l’eau, mais voici celui qui vient et qui baptisera dans le feu et l’Esprit », le feu d’un amour qui se réveille et qui s’anime à nouveau, le souffle de l’Esprit qui nous pousse à trouver de nouveaux petits gestes qui pourraient faire plaisir. Notre église, celle où nous sommes maintenant réunis, pourrait être décorée non seulement par des guirlandes de petites lumières, mais aussi par des sourires remplis de la joie d’être réunis auprès de Dieu.

Noël, ça se prépare

non seulement par des décorations à la maison ou dans les vitrines de magasin, mais aussi par de petites prières que l’on pourrait faire les uns pour les autres, et par de petits plaisirs qu’on pourrait inventer pour son conjoint, son voisin, son prochain.

Pour cela, il faut faire comme Jean-Baptiste :

ne pas courir dans les grandes rues, mais à la maison, chez soi, loin du bruit et de l’agitation, préparer la voie au Seigneur, le Seigneur de paix et de joie, le Seigneur du plaisir d’être tous ensemble.

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