Il était donc normal que Jésus l’ait utilisée quand il a rencontré ses apôtres après la résurrection. Ce souhait était évidemment plein de sous-entendus. D’une part, les apôtres craignaient d’avoir devant eux un esprit, un fantôme, celui de ce Jésus qu’ils avaient trahi et abandonné. Ne racontait-on pas naguère des histoires de fantômes pour faire peur aux enfants ? Et nous, adultes, n’avons-nous pas vu des films d’épouvante avec des fantômes dans de sombres châteaux écossais, remplis d’esprits lugubres et effrayants ? Oui, les apôtres ont eu peur d’avoir devant eux un esprit tiré du monde des ténèbres.
C’est la raison pour laquelle Jésus ressuscité a tant insisté pour manger avec eux. Un esprit, ça ne mange pas.
Jésus, lui, était vraiment ressuscité avec son corps et il a mangé comme un homme normal, pas comme un esprit.
D’autre part, Jésus leur a souhaité la paix pour les rassurer. Il n’était pas venu chez eux pour les punir, ni moins encore pour se venger. Il aurait pu condamner ses apôtres pour leur couardise et leur lâcheté. Mais ce n’était pas pour cela qu’il était venu sur terre. Il n’était pas venu pour juger et condamner, mais pour sauver et pour apporter le bonheur d’être aimé.
La paix que Jésus était venu leur souhaiter n’était pas l’absence de guerre ou de punition, mais l’épanouissement dans la joie d’être aimé. Nous connaissons cela tous à certains moments, quand nous sommes dans la tranquillité du foyer avec notre conjoint ou dans la chaleur bienheureuse d’une réunion entre amis. Il y a à ce moment-là comme une quiétude, une douceur de vivre qui n’est pas seulement due à la qualité d’un bon repas. On est parfois dans un bon restaurant avec des gens qu’on n’aime pas ou qui nous ennuie. Cette douceur de vivre vient simplement du bonheur d’être avec des gens qu’on aime bien et qui nous aiment bien, quelle que soit la qualité du repas.