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Répertoire
Philippe Henne
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30ème Dimanche ordinaire

Le pharisien et le publicain

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© Lawrence Lew, OP

Voilà un évangile bien caricatural.

D’un côté, on a le bon pharisien qui prie tous les jours, jeûne deux fois par semaine et donne le dixième de tout ce qu’il gagne. Un homme parfait, n’est-ce pas ? Rien à lui reprocher. Au contraire, il en fait plus qu’il ne faut : le jeûne et l’aumône. Par contre, il y a le publicain, le percepteur d’impôts qui abuse de son pouvoir pour prendre beaucoup d’argent auprès des contribuables et en donner le minimum obligatoire à l’État, c’est-à-dire à l’Empire romain, l’occupant. Voilà un collaborateur qui profite de la situation. Et c’est lui, qui retourne justifié et pardonné à la maison ! Et nous, là-dedans, qui sommes-nous ? D’honnêtes personnes qui essayons de faire ce que nous pouvons.

Nous sommes loin d’être parfaits. Nous le savons. Notre conjoint, nos enfants, nos parents, nos collègues sont là pour nous le rappeler sans cesse, parfois gentiment, parfois avec cris et hurlements. Est-ce une raison pour nous identifier au publicain, à ce percepteur d’impôts qui détourne de l’argent comme Zachée ? Nous ne sommes pas tous des voleurs, des adultères et des assassins. Nous sommes tous des êtres parfois faibles qui cachons notre malaise en crise d’autorité puérile. Nous sommes souvent inquiets de savoir si nous sommes toujours entourés d’amour et d’affection. Nous sommes parfois mis de côté parce qu’il y a à côté de nous quelqu’un de plus grand, de plus fort et qui parle mieux.

C’est facile de détruire quelqu’un.

Il suffit de lui dire et de lui répéter sans cesse : « tu n’es bon à rien. Tout ce que tu fais, c’est mauvais. » Il y a des hommes qui font ça avec leur femme. Il y a des pères de famille qui font ça avec l’un ou l’autre de leurs enfants. Et cela aboutit à des catastrophes : le suicide d’une femme, la déchéance d’un adolescent.


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© iStock

Mère Teresa n’a jamais demandé à un pauvre de Calcutta ce qu’il avait fait de bien ou de mal dans sa vie.

Elle a simplement vu un malade au bord de la rue. Jésus n’a rien demandé à Matthieu qui était installé derrière son comptoir pour percevoir les impôts. Il lui a simplement dit : « Suis-moi. » Quand Zachée était juché sur son arbre pour voir Jésus, celui-ci lui a simplement : « Je vais chez toi. »

C’est ce que nous faisons aujourd’hui au cours de cette eucharistie. Nous sommes tournés vers Jésus qui passe au milieu de nous avec sa Parole et son eucharistie, et nous attendons qu’il nous dise : « Je passe chez toi. »

Nous avons tellement besoin de quelqu’un qui nous appelle et qui nous invite à le suivre, et c’est Jésus qui le fait dans chacune de nos eucharisties.Alors, soyons attentifs à ceux et celles qui sont au milieu de nous et attendent notre sourire et notre bienveillance. La meilleure façon d’être reçu, c’est de recevoir.

La meilleure façon d’être transformé par l’amour, c’est de donner cet amour dont nous avons tant besoin.

Mère Teresa l’a fait dans les rues de Calcutta. Jésus l’a fait en venant parmi nous.

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© Lawrence Lew, OP