Voilà un évangile bien caricatural.
D’un côté, on a le bon pharisien qui prie tous les jours, jeûne deux fois par semaine et donne le dixième de tout ce qu’il gagne. Un homme parfait, n’est-ce pas ? Rien à lui reprocher. Au contraire, il en fait plus qu’il ne faut : le jeûne et l’aumône. Par contre, il y a le publicain, le percepteur d’impôts qui abuse de son pouvoir pour prendre beaucoup d’argent auprès des contribuables et en donner le minimum obligatoire à l’État, c’est-à-dire à l’Empire romain, l’occupant. Voilà un collaborateur qui profite de la situation. Et c’est lui, qui retourne justifié et pardonné à la maison ! Et nous, là-dedans, qui sommes-nous ? D’honnêtes personnes qui essayons de faire ce que nous pouvons.
Nous sommes loin d’être parfaits. Nous le savons. Notre conjoint, nos enfants, nos parents, nos collègues sont là pour nous le rappeler sans cesse, parfois gentiment, parfois avec cris et hurlements. Est-ce une raison pour nous identifier au publicain, à ce percepteur d’impôts qui détourne de l’argent comme Zachée ? Nous ne sommes pas tous des voleurs, des adultères et des assassins. Nous sommes tous des êtres parfois faibles qui cachons notre malaise en crise d’autorité puérile. Nous sommes souvent inquiets de savoir si nous sommes toujours entourés d’amour et d’affection. Nous sommes parfois mis de côté parce qu’il y a à côté de nous quelqu’un de plus grand, de plus fort et qui parle mieux.
C’est facile de détruire quelqu’un.
Il suffit de lui dire et de lui répéter sans cesse : « tu n’es bon à rien. Tout ce que tu fais, c’est mauvais. » Il y a des hommes qui font ça avec leur femme. Il y a des pères de famille qui font ça avec l’un ou l’autre de leurs enfants. Et cela aboutit à des catastrophes : le suicide d’une femme, la déchéance d’un adolescent.