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Répertoire
Philippe Henne
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3ème Dimanche de Carême

Catastrophe, conversion et rédemption

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Crédit photo : op.org

Pour les Galiléens massacrés par les Romains, comme pour les habitants de Siloé écrasés par la tour, tout est brisé. Ils avaient des projets. Ils avaient élaboré des plans. Ils avaient tout préparé et voilà l’accident, la guerre et la mort. Tout était détruit.

Nous aussi, nous avons été parfois écrasés par les événements.

On ne comprenait plus rien. On imaginait même pas l’avenir parce qu’on était tout entier dans ce présent de la catastrophe. C’était la mort d’un proche ou un accident personnel.

Mais ce qui est aussi pervers actuellement, c’est ce sentiment lancinant d’inquiétude. Le monde va mal et nous nous sentons menacés. À la télévision, ce sont des images de guerre, mais ces images ne viennent plus de pays lointains déjà depuis longtemps plongés dans la guerre. Ce sont des images de pays proches, tellement proches qu’ils ressemblent au nôtre. Et on nous dit que cela peut nous arriver. On était tranquilles. On croyait vivre en sécurité. On se réveille dans l’inquiétude.



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Crédit photo : Lawrence Lew OP

Moïse était dans une situation bien plus inconfortable. C’était un réfugié menacé de mort par les Égyptiens, parce qu’il était juif, mais aussi par les Hébreux, ses frères, parce qu’il avait voulu s’interposer dans une dispute entre eux. Il avait fui à l’étranger. Il vivait sans protection. On pouvait à tout instant l’expulser et même le brutaliser, sans problème. Personne ne viendrait le secourir.

Et voilà qu’un beau jour quelqu’un lui apparaît. Son nom ? « Je suis qui je suis », c’est-à-dire que Dieu n’a besoin pas besoin des autres pour exister. Il a tout ce qu’il faut. Il n’est pas tout seul. Il connaît déjà une grande histoire d’amour : celle du Père pour son Fils dans l’Esprit. Mais ce n’est pas un amour égoïste, replié sur soi-même. C’est un amour fécond qui provoque la vie, la vie de chacun d’entre nous. Et c’est pour cela qu’il se manifeste à Moïse. C’était parce qu’il avait vu et entendu la misère de son peuple. Il volait à son secours. Mais beaucoup d’Hébreux ne voudront pas le croire. Il préféreront rester dans la misère de leur esclavage parce qu’ils y étaient habitués et ils savaient ce que c’était, tandis que quitter l’Égypte, c’était prendre un risque. Il fallait passer par le désert du changement d’habitudes et avancer dans l’incertitude ce que serait le futur.

Mais Moïse est parti, et les apôtres aussi, car ils savaient que Dieu veillerait sur eux, comme une maman veille sur ses enfants. Même quand elle ne peut rien faire, ni rien dire, une maman sent bien quand son enfant va mal. Elle regarde, elle attend, elle guette le moment où son enfant sera capable ou voudra bien recevoir son aide.

Car l’aide de Dieu est toujours présente, mais nous sommes parfois pliés en deux, recroquevillés sur nos blessures. On a trop mal pour lever la tête et tendre les bras.

Il en fut de même pour Marie. Elle était là au pied de la croix, le coeur transpercé de chagrin. Nul ne pouvait l’aider, mais elle était restée avec les autres apôtres dans le Cénacle en train de prier. Et c’est ainsi qu’elle a reçu la grâce du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte.

Alors, nous aussi, restons unis dans la prière et dans la communauté non seulement pour pouvoir traverser les difficultés, mais aussi pour pouvoir participer à la résurrection du Christ bien-aimé, et pour commencer avec lui, grâce à lui, une nouvelle vie.

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Crédit photo : Lawrence Lew OP