Ou bien le jeune homme a réussi et alors, dans le meilleur des cas, le père dira à sa femme : «Tu as vu : notre fils a réussi », mais, intérieurement, il se dira avec fierté : « C’est bien le portrait de son père; c’est le digne fils de son père. » Mais, s’il rate, ce sera alors un autre discours. Le père dira à sa femme : « Tu vois, ton fils a raté; cela ne m’étonne pas avec de tels antécédents. » Le résultat est le même, mais l’attitude est toute différente : ou bien on s’enorgueillit de la réussite, ou bien on rejette l’échec sur quelqu’un d’autre.
C’est la même chose dans cette parabole. Quand le serviteur parle du fils prodigue au fils aîné, il lui dit : « Ton frère est arrivé; ton frère est vivant. » De la même façon, quand le père parle au fils aîné, il lui dit : « Ton frère était mort, et il est revenu à la vie. » Mais le fils aîné parle avec mépris de son frère. Il l’appelle « ton fils que voilà qui a dévoré ton bien avec des prostituées. » Le fils aîné a déjà rompu tout lien avec le fils prodigue. Ce n’est plus son frère. C’est le (mauvais) fils de son père. Lui, le fils aîné, il n’a plus rien à voir avec cet homme.
Face à cela, le Christ a apporté une grande révolution. Le Fils de Dieu ne juge pas les gens selon leurs mérites ou leurs exploits.
Autrement, il n’aurait jamais parlé à Marie-Madeleine et il n’aurait jamais pardonné à saint Pierre. Le Seigneur nous traite tous comme ses frères. Comme saint Paul le dit dans sa lettre aux Galates, il n’y a plus de juif et de païen, ni d’homme libre et d’esclave. Il n’y a plus que des enfants de Dieu.