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Répertoire
Philippe Henne
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4ème Dimanche de Carême

Beaucoup de familles ont connu l’angoisse de la fin juin, début juillet, quand les résultats de la session d’examens à l’université sont rendus publics. Tous les parents sont inquiets surtout si c’est la première année de leur fils aîné.
Va-t-il réussir ou va-t-il connaître l’échec ? Et alors que fera-t-on ? Il y a donc deux possibilités.

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Crédit photo : Dominicains de Belgique

Ou bien le jeune homme a réussi et alors, dans le meilleur des cas, le père dira à sa femme : «Tu as vu : notre fils a réussi », mais, intérieurement, il se dira avec fierté : « C’est bien le portrait de son père; c’est le digne fils de son père. » Mais, s’il rate, ce sera alors un autre discours. Le père dira à sa femme : « Tu vois, ton fils a raté; cela ne m’étonne pas avec de tels antécédents. » Le résultat est le même, mais l’attitude est toute différente : ou bien on s’enorgueillit de la réussite, ou bien on rejette l’échec sur quelqu’un d’autre.

C’est la même chose dans cette parabole. Quand le serviteur parle du fils prodigue au fils aîné, il lui dit : « Ton frère est arrivé; ton frère est vivant. » De la même façon, quand le père parle au fils aîné, il lui dit : « Ton frère était mort, et il est revenu à la vie. » Mais le fils aîné parle avec mépris de son frère. Il l’appelle « ton fils que voilà qui a dévoré ton bien avec des prostituées. » Le fils aîné a déjà rompu tout lien avec le fils prodigue. Ce n’est plus son frère. C’est le (mauvais) fils de son père. Lui, le fils aîné, il n’a plus rien à voir avec cet homme.

Face à cela, le Christ a apporté une grande révolution. Le Fils de Dieu ne juge pas les gens selon leurs mérites ou leurs exploits.

Autrement, il n’aurait jamais parlé à Marie-Madeleine et il n’aurait jamais pardonné à saint Pierre. Le Seigneur nous traite tous comme ses frères. Comme saint Paul le dit dans sa lettre aux Galates, il n’y a plus de juif et de païen, ni d’homme libre et d’esclave. Il n’y a plus que des enfants de Dieu.

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Crédit photo : Lawrence Lew OP

C’est ce que saint Pierre a découvert. Des domestiques étaient venus le chercher pour aller chez leur maître, le centurion Corneille. Pierre n’était pas rassuré parce qu’un centurion, c’était un soldat romain, un guerrier qui occupait son pays et qui martyrisait les juifs qui gémissaient et pleuraient sous cette domination. Quand on était invité chez un Romain, ce n’était pas toujours bon signe. On pouvait être arrêté, battu, torturé sans raison. Ce centurion romain était de plus un étranger, un impur. On se souvient que les juifs n’avaient pas voulu entrer chez Pilate parce qu’ils voulaient se garder purs pour la célébration de la Pâque juive. Cela ne les avait pas empêchés d’exiger la mort d’un innocent, Jésus. Mais le Seigneur avait fait descendre une grande nappe avec tous les animaux de la terre et il avait proclamé qu’il n’y avait rien d’impur dans tout cela parce que tout avait été créé par lui.

C’est ce que cette parabole du fils prodigue nous invite à découvrir :

Dieu nous attend tous avec impatience comme le père attendait le fils prodigue.

Il est donc heureux que nous soyons tous ici ensemble pour célébrer la grandeur de son amour et l’abondance de sa miséricorde. Faisons donc comme lui : accueillons-nous les uns les autres comme les frères et les soeurs d’un même Père.

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Crédit photo : Lawrence Lew OP