Cette parabole est très impressionnante. Ceux qui ont eux-mêmes des enfants se souviendront de l’une ou l’autre chose qui leur rappellera le « fils prodigue ». Dans une famille, combien de fois manque-t-on de compréhension pour les enfants en quête de liberté ? Combien de fois y a-t-il de la jalousie entre frères et sœurs, et de l’incompréhension de la part des parents ? Dans une famille ou dans une communauté religieuse, qui peut dire qu’il agit comme le « Père miséricordieux » quand les nerfs lâchent ? Si tu penses à ta propre enfance et à ta jeunesse, as-tu peut-être également ressenti de l’incompréhension pour ton propre amour de la liberté ?
Le danger de ces passages bibliques que nous avons déjà lus et entendus si souvent serait de n’y voir toujours que la même chose, le préétabli et l’évident. Mais c’est peut-être aussi justement la chance de ces passages bibliques que de les relire, de les lire autrement, avec une autre perspective. Je me limite à la version courte de l’Évangile.
Le fils cadet, au moment où il se sépare de son père, au moment où il s’en va, est coupé de la source de la vie, il est mort, il est perdu. Le père laisse son fils partir, même s’il sait que ce chemin se terminera tout en bas.
Dieu est ainsi. Il laisse partir l’homme qui veut se séparer de lui.
Lorsque ce fils cadet se sépare de son père, il mène une vie de luxe et d’abondance. Il n’a même pas conscience du fait que, même à l’étranger, il vit encore de la fortune de son père.
Cependant, cela ne dure pas longtemps. La famine survient. Tout s’écroule d’un coup et il va très mal. C’est l’expérience que j’ai souvent faite en tant que frère dominicain. Lorsqu’un homme s’est séparé de Dieu, alors qu’il pensait gagner une grande liberté, tout s’effondre : divorce ou séparation, chômage, impossibilité de payer son logement. C’est exactement ce que vit le jeune de l’Évangile d’aujourd’hui.
Il n’avait pas d’autre choix. Il s’est porté volontaire pour garder les porcs. Garder les porcs était, à l’époque, le dernier travail qu’un Juif pouvait occuper. Pour les Juifs, les porcs sont des animaux impurs.