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Répertoire
Philippe Henne
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5ème Dimanche de Carême

Jésus a toujours une relation privilégiée avec les femmes en difficulté, non seulement ici avec la femme adultère, mais aussi avec la Samaritaine. C’est dans le même évangile de saint Jean. C’est au milieu de la journée qu’elle va chercher de l’eau au puits. Pourquoi sort-elle ainsi à l’heure la plus chaude de la journée pour aller chercher de l’eau ?

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Crédit photo : Lawrence Lew OP

Ne pouvait-elle pas faire cela le matin, avant qu’il ne fasse chaud, ou le soir quand il commence à faire frais ? Sans doute préférait-elle aller à midi parce que justement il n’y avait personne. Toutes les autres femmes la connaissaient. Elle avait cinq maris. Cela faisait beaucoup et les commérages allaient bon train. Quand la Samaritaine était au milieu de ses voisins, elle devait recevoir quelques remarques acides et blessantes. Elle préférait chercher de l’eau quand il n’y avait personne.

Ici, la femme adultère était dans une position bien plus dangereuse : elle était menacée de mort. Son compagnon, l’homme adultère, lui, avait son sort déjà réglé : il était condamné à mort. Il allait être lapidé. Ici, avec la femme, cela avait l’air moins clair. Probablement parce que les amants avaient été surpris dans la campagne. La femme avait alors le bénéfice du doute. Peut-être n’était-elle pas consentante. Peut-être avait-elle été violée ? Elle avait peut-être crié, mais personne ne l’avait entendu.

Mais les scribes et les pharisiens ne s’embarrassaient pas de telles questions. Ce qu’ils voulaient, c’était mettre Jésus en défaut, lui soumettre à un jugement impitoyable. Car, oui !, ils n’avaient aucune pitié. Pour eux, la chose était déjà bien résolue. Quand ils parlaient de la femme adultère, il disaient : « cette femme-là » et dans ce « là » jaillissait toute leur haine et leur colère. Il y en avait même qui crachaient d’autant plus fort leur ressentiment qu’ils voulaient faire oublier leurs propres péchés, leurs propres infidélités. Ceux qui crient le plus fort ne sont pas forcément les plus innocents. On l’a bien vu après la guerre quand les chasseurs d’anciens collaborateurs n’étaient pas nécessairement de vrais patriotes, mais des personnes soucieuses de faire oublier leurs compromissions. L’Évangile le dit d’ailleurs : tous les scribes et les pharisiens quittèrent la salle où se trouvaient Jésus et la femme adultère, en commençant par les plus âgés.


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Crédit photo : istock

Jésus avait adopté une attitude toute différente parce qu’il savait que ces femmes, la Samaritaine et la femme adultère, manquaient d’amour et cherchaient de la tendresse, pas au bon endroit, certes, mais elles étaient en manque d’amour. Jésus se comportait avec elles comme le font certains parents avec leurs enfants récalcitrants, non pas avec brutalité et sévérité, mais avec patience, en cherchant à rétablir le dialogue. Et ça a marché puisque la Samaritaine était allée annoncer qu’elle avait rencontré un grand prophète et parce que la femme adultère allait devenir la plus prochaine amie de Jésus : c’était Marie-Madeleine.

Alors, aujourd’hui, agissons, nous aussi, avec patience et prudence. Nous avons le droit d’être parfois en colère et de le dire haut et clair, mais nous avons aussi la possibilité de profiter de certaines situations difficiles pour rétablir un meilleur dialogue et une meilleure fraternité. C’est que le Fils de Dieu a fait en venant sur terre et en nous donnant sa vie. Et nous en sommes fort heureux. Disons-lui merci et suivons son exemple.

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Crédit photo : istock