Et pourtant il faut pouvoir dépasser toutes ces misères. Autrement, nous serions brisés et aigris,
comme, hélas !, nous connaissons tant de gens dans de telles situations. Ils répètent sans cesse les mêmes mésaventures, les mêmes trahisons. Ils sont comme des blessés. Leurs blessures leur font mal. Sans cesse ils les grattent et cela se dégrade, s’abîme et cela devient de la gangrène.
Rien que pour éviter cela et pour nous donner une chance d’être heureux, il faut éviter cela. Mais il n’y a pas que cette raison de survie qui doit nous motiver. Il y a aussi et surtout une espérance de vie épanouie, libre, dépouillée de toutes les lourdeurs du passé.
C’est pour cela que je suggère parfois aux enfants qui se plaignent de toujours se disputer avec leurs frères et soeurs de faire ceci : «Le soir, dans ton lit, avant de t’endormir, essaie de trouver une qualité à ton frère qui t’ennuie ou à ta soeur qui t’énerve. Par exemple, tu verras que ton frère est fort et courageux, et qu’il n’a pas peur d’aider maman à débarrasser la table ou à porter de gros paquets. Ou bien tu verras que ta soeur est maligne et qu’elle est capable de faire de jolies choses que toi, tu ne pourrais pas toucher sans les casser. En faisant cela plusieurs jours de suite, tu regarderas ton frère et ta soeur autrement. Au lieu d’être énervé par lui ou par elle, tu seras capable de vivre avec lui non seulement sans te disputer, mais même, peut-être, en faisant de belles choses ensemble. » Il est évident que je ne dis pas ces choses-là de cette façon-là à des enfants, mais c’est le sens général de mon discours.