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Répertoire
Philippe Henne
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7ème Dimanche ordinaire

« Pardonnez et vous serez pardonnés » : facile à dire, pas facile à faire. Nous avons tous notre lot de blessures dans le coeur. On essaie de les oublier. On les enterre au plus profond de notre coeur, mais de temps en temps elles resurgissent et cela fait mal. On a jamais fini avec les blessures de la vie.

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Et pourtant il faut pouvoir dépasser toutes ces misères. Autrement, nous serions brisés et aigris,

comme, hélas !, nous connaissons tant de gens dans de telles situations. Ils répètent sans cesse les mêmes mésaventures, les mêmes trahisons. Ils sont comme des blessés. Leurs blessures leur font mal. Sans cesse ils les grattent et cela se dégrade, s’abîme et cela devient de la gangrène.

Rien que pour éviter cela et pour nous donner une chance d’être heureux, il faut éviter cela. Mais il n’y a pas que cette raison de survie qui doit nous motiver. Il y a aussi et surtout une espérance de vie épanouie, libre, dépouillée de toutes les lourdeurs du passé.

C’est pour cela que je suggère parfois aux enfants qui se plaignent de toujours se disputer avec leurs frères et soeurs de faire ceci : «Le soir, dans ton lit, avant de t’endormir, essaie de trouver une qualité à ton frère qui t’ennuie ou à ta soeur qui t’énerve. Par exemple, tu verras que ton frère est fort et courageux, et qu’il n’a pas peur d’aider maman à débarrasser la table ou à porter de gros paquets. Ou bien tu verras que ta soeur est maligne et qu’elle est capable de faire de jolies choses que toi, tu ne pourrais pas toucher sans les casser. En faisant cela plusieurs jours de suite, tu regarderas ton frère et ta soeur autrement. Au lieu d’être énervé par lui ou par elle, tu seras capable de vivre avec lui non seulement sans te disputer, mais même, peut-être, en faisant de belles choses ensemble. » Il est évident que je ne dis pas ces choses-là de cette façon-là à des enfants, mais c’est le sens général de mon discours.

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Marie a connu une situation semblable. C’était au Temple quand elle a retrouvé Jésus. C’est pleine de reproches qu’elle a dit à son fils : « Mon fils, que nous as-tu fait là ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » Jésus s’excuse-t-il ? Non, tout étonné, il répond : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? » Jésus était déjà un adulte à ce moment-là. Il savait qu’il avait une mission à accomplir : « Il faut que je m’occupe des affaires de mon Père. » Marie ne s’est pas fâchée en traitant son fils d’ingratitude. Elle a accueilli cette parole et l’a méditée.

Elle a changé son regard sur son propre fils. Il était devenu un adulte, responsable.

Le plus difficile est certainement pour ceux qui ont été touchés par un événement grave d’une incroyable violence. Pour eux, pardonner pourrait paraître une trahison, mais tout le monde sait que la vengeance ne résout rien. Nous le voyons actuellement avec les graves conflits qui paraissent sans fin avec son cortège d’hommes, de femmes et d’enfants innocents qui souffrent de toute cette brutalité. Cette cruelle expérience a permis à certains de pouvoir mieux percevoir la souffrance autour d’eux et de pouvoir la soulager. C’est un peu comme le Christ ressuscité qui a pu rencontrer les disciples d’Emmaüs dans leur grande tristesse et désespoir.

Pardonner est donc une oeuvre difficile, mais c’est une oeuvre de vie, et de vie éternelle.


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