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Répertoire
Philippe Henne
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Dimanche des Rameaux

Dans la version longue de l’Évangile de la Passion selon saint Luc, il est un détail qu’on oublie souvent, mais qui a son importance pour chacune de nos célébrations dominicales.

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Crédit photo : op.org

Au tout début du repas, Jésus reçoit une coupe, la bénit et la donne à ses disciples. Ce n’est pas la coupe de vin qui deviendra son sang. Celle-ci est bénite à la fin du repas, comme c’est dit dans la prière eucharistique. Il s’agit ici de la coupe du début de repas, ce qui pourrait correspondre à notre apéritif. Oui, le temps que les convives arrivent et que le repas se prépare, le chef de maison, ici en l’occurrence Jésus, reçoit une coupe, rend grâce, il la donne à ses disciples et il leur dit - c’est ici que c’est important - : « partagez entre vous. » Dès le début, le repas est placé sous le signe du partage.

Cela semble évident : on ne va pas chez quelqu’un pour manger tout seul dans son coin. On est heureux d’être reçu et surtout de pouvoir partager avec lui ce repas de convivialité. Et toute la dernière Cène est placée sous ce signe de fraternité.

Il en est de même pour la messe le dimanche. Cette célébration n’est pas faite pour être vécue tout seul dans son coin, mais bien au contraire pour être partagée avec la communauté des croyants réunis à ce moment-là. C’est pour cela qu’il est important de se saluer avant la messe. C’est l’occasion de se reconnaître comme frères et soeurs. On ne reçoit pas un verre d’apéritif, mais on commence par un moment de convivialité.


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Crédit photo : Dominicains de Belgique

C’est pour cela aussi qu’il est important de bien comprendre qu’au début de l’eucharistie nous nous reconnaissons pécheurs, et nous le faisons à voix haute, et non pas en silence ou en cachette. Nous reconnaissons devant les autres que nous avons été parfois tellement absorbés par nos petits soucis ou nos gros problèmes que nous avons négligé d’écouter et d’accueillir nos frères et soeurs dans la peine ou la difficulté. Le Christ lui-même, quand il se précipitait pour aller guérir la fille de Jaïre, s’est arrêté et a parlé avec une femme qui, en cachette, dans la foule, avait touché son vêtement. Il y a parfois rien de plus important que de s’arrêter et d’écouter la personne qui est là devant nous. C’est ce que les aumôniers d’hôpitaux apprennent et offrent aux malades qu’ils rencontrent. Ces patients sont entourés de gens qui courent autour d’eux pour les soigner : ce sont les infirmières et les médecins. Ce personnel soignant n’a pas le temps de s’asseoir et d’écouter tout simplement le cri de désespoir ou d’angoisse qui déchire le coeur du malade qui est là devant eux.

C’est ce que le Christ a souvent fait au long de sa vie terrestre : il a pris le temps de s’asseoir à la table des pécheurs et des exclus, comme les publicains. Et maintenant, pendant cette dernière Cène, il prend le temps de partager avec ses disciples son amour et surtout son corps et son sang. Les disciples ont eux aussi font un effort pour écouter ce curieux discours de Jésus à la fin de sa vie. Ils nous montrent ce que nous pouvons et ce que nous devons faire : offrir aux autres, en guise d’apéritif, un peu d’écoute et d’attention. Partageons ce moment de convivialité au début de chacune de nos eucharisties.

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Crédit photo : op.org