Historiquement, la Belgique est marquée par la tradition chrétienne. Le symbole de la croix y est très présent : on la voit non seulement sur les clochers des églises, à l’intérieur de celles-ci et des chapelles, mais aussi dans nos maisons et nos couvents. Dans certains pays, on peut même voir la croix se dresser au sommet de certaines montagnes et collines. Des saints portent même le nom de la croix, comme saint Jean de la Croix (1542-1591) ou sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein) (1891-1942), d’origine juive. La croix est également considérée et portée autour du cou par beaucoup comme un objet de piété ou un objet décoratif auquel ils associent diverses significations. Il se peut que quelqu’un fasse ici une véritable profession de foi en Jésus-Christ ou que la croix soit simplement considérée comme un objet décoratif, voire comme une amulette censée porter chance.
En ce dimanche, nous célébrons la Croix Glorieuse, fête également connue sous le nom d’« Exaltation de la Sainte Croix ». À l’origine, cette fête commémore la dédicace de la basilique du Saint-Sépulcre, édifiée en 335 par l’empereur Constantin sur le mont Golgotha, à Jérusalem. Cette construction fait suite au pèlerinage de sa mère, sainte Hélène, dans la Ville sainte. Convaincue d’y avoir découvert la croix de Jésus le 14 septembre 320, elle fit remettre la relique à l’évêque de Jérusalem qui la présenta alors au peuple pour qu’il puisse la vénérer.
En cette fête de la Croix glorieuse, nous sommes invités à méditer sur la signification profonde de ce symbole.
Le mot « croix », dans les cultures marquées par le christianisme, évoque souvent une épreuve ou un fardeau à porter. On vient de parler de ce pèlerin qui, lassé, avait raccourci la croix qu’il portait. Dans notre vie quotidienne, chacun porte sa propre croix, sous des formes diverses : solitude, sentiment d’absurdité, maladie longue et éprouvante, discrimination, relations humaines blessées… Autant de souffrances, infligées ou subies sans raison, qui témoignent de la dureté et parfois de la cruauté des hommes.
Les souffrances que nous portons comme notre croix peuvent devenir un pont vers le salut.
Comme il n’existe pas de rose sans épines, un proverbe africain nous rappelle que l’on ne lance des pierres qu’à l’arbre chargé de fruits. Pour nous, chrétiens, la Croix du Christ est précisément cet Arbre de vie. Edith Stein disait : « La Croix est le chemin qui mène de la terre au ciel. » Elle n’est donc pas seulement une épreuve ou un fardeau : elle est aussi un grand mystère, une révélation, l’expression humaine d’une réalité divine.
Par la Croix, nous découvrons jusqu’où l’amour de Dieu s’est donné pour l’humanité : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). En la vénérant, nous proclamons la victoire du Christ sur le mal et sur la mort, car, ressuscité le troisième jour, il nous ouvre les portes de la vie éternelle.
Quand tu traverses un désert de souffrances, de peurs et de doutes, fais halte devant une Croix du Christ. Par elle, Dieu t’adresse un signe et t’invite à Lui faire confiance. Il arrive que le découragement t’envahisse, que tu n’aies plus la force ni même le désir de prier. Dans ces moments-là, contente-toi de t’arrêter devant la Croix et de la contempler en silence, à l’exemple de saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars. Peu à peu, tu découvriras qu’elle façonne à nouveau ton cœur et ton esprit, te ramenant au courage du Christ au moment de sa Passion.
La Croix n’est pas un signe de malheur, mais l’expression d’un amour plus fort que la mort.
Marie, la Mère de Jésus, y a cru et en a été le premier témoin : par la Croix, Dieu nous ouvre le chemin de la vie éternelle. C’est pourquoi nous voulons la porter haut, comme un signe d’amour et d’espérance en la Vie éternelle dans le Royaume de Dieu. Amen.