Dans le monde du sport et surtout du football, la « mi-temps » est un moment charnière. C’est l’occasion de reprendre des forces et de changer de tactique si la première mi-temps ne s’est pas très bien passée. Nous sommes maintenant à un peu plus de la moitié du Temps du Carême. C’est donc le moment de nous arrêter un peu pour regarder le chemin parcouru et pour nous préparer encore plus intensément à Pâques au cours des semaines restantes.
4e Dimanche du Carême
Temps liturgique : Temps du Carême
Année liturgique : B
Année : 2023-2024
L’Évangile de Jean que l’Église nous propose en ce quatrième Dimanche du Carême peut nous y aider. Il s’agit d’un extrait d’un dialogue nocturne de Jésus avec le pharisien et scribe Nicodème. Nicodème est un Juif pieux, un docteur de la Loi et un membre du Sanhédrin, le Grand conseil législatif des Juifs à Jérusalem. Il est donc un érudit qui peut enseigner les Écritures aux autres. En dépit de son érudition et par humilité, Nicodème vient rencontrer secrètement Jésus pendant la nuit, à Jérusalem.
Nicodème a entendu Jésus prêcher et il l’a vu guérir les malades. Mais il a encore des questions à poser à Jésus : Es-tu vraiment le Messie, le Christ que nous attendons depuis des siècles ? Qui es-tu, Jésus ? As-tu une réponse à mes préoccupations ? Faudrait-il tout recommencer, et est-ce possible ?
Jésus répond aux aspirations profondes de Nicodème. Mais sa réponse, dans un premier temps, trouble le cœur et l’intelligence de Nicodème. Quelques versets plus haut et juste avant le passage d’aujourd’hui, Jésus commence par inviter Nicodème à renaître de l’eau et à vivre selon l’Esprit pour entrer dans le Royaume de Dieu. Malgré toute sa science, le pharisien Nicodème n’a rien compris. Il dit : « Comment un homme peut-il naître, étant vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? » (Jn 3, 4) Et Jésus réplique en disant : « Tu es Maître en Israël, et ces choses-là, tu ne les saisis pas ? » (Jn 3, 10).
Il nous arrive parfois aussi de croire savoir intellectuellement et théologiquement certaines choses, mais l’essentiel nous échappe. Par la remarque de Jésus, Nicodème aurait pu se sentir humilié et interrompre cette conversation nocturne. Mais il n’en est rien !
Ayant constaté cette humilité de Nicodème, Jésus revient à la charge. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus reprend ensuite une ancienne histoire célèbre du Livre des Nombres : les Israélites qui marchent dans le désert du Sinaï vers la terre promise sont épuisés et frustrés. Ils récriminent contre Dieu et contre Moïse. Ils sont attaqués et mordus par des serpents venimeux. Beaucoup meurent. Ils sont convaincus que c’est une punition du Dieu de Moïse. Ils vont donc supplier celui-ci d’intercéder pour eux. Moïse prie auprès du Seigneur pour le peuple et Dieu lui dit : « Fais faire un serpent de bronze et fixe-le au bout d’une perche. » Lorsqu’ils regardent ce serpent de bronze, les Israélites sont certes encore mordus, mais ils ne meurent plus, ils sont sauvés (cf. Nb 21, 4-9).
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, le Crucifié prend la place du serpent de bronze : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle » (Jn 3, 16). Cela signifie : Dieu ne nous préserve pas de tous les malheurs, mais il nous donne la vie, la vie éternelle.
Lors de cette conversation nocturne, voici la troisième chose que Jésus dit à Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Celui qui croit en Jésus est sauvé, car « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 17). Cette déclaration est d’ailleurs un jeu de mots avec le nom de Jésus. En effet, Jésus signifie exactement : « Dieu sauve ».
Nicodème a-t-il maintenant compris qui est Jésus ? L’Évangéliste Jean n’a rien écrit ici à ce sujet. Mais je peux affirmer sans me tromper que Nicodème s’est décidé pour Jésus. Car bien plus tard, il interviendra en faveur de Jésus et cette fois-ci publiquement, au sein du Sanhédrin, face à une première menace d’arrestation de Jésus. Il dira : « Notre Loi juge-t-elle un homme sans d’abord l’entendre et savoir ce qu’il a fait ! » (Jn 7, 50). Et plus tard encore, c’est lui qui offrira 30 kilos de myrrhe et d’aloès pour embaumer le corps de Jésus (Jn 19,39).
Quelle transformation a subie Nicodème, lui qui vient secrètement la nuit pour rencontrer Jésus et plus tard le défend publiquement ? Il passe des ténèbres à la lumière ! De quelqu’un qui a peur à quelqu’un qui a confiance en l’amour de Dieu. Et la conversation nocturne se termine par le thème de la Lumière. Jésus invite Nicodème à choisir la Lumière de la Vérité, afin qu’il ne reste pas dans les ténèbres, mais qu’il soit justement sauvé.
Nous en sommes à la deuxième « mi-temps » du Carême ! En ce « Dimanche de Laetare », « Dimanche de joie », comment évalues-tu la première période ? Connais-tu personnellement Jésus ? Prends-tu vraiment le temps de regarder Jésus sur la Croix avec foi et amour ? Crois-tu à l’amour de Dieu qui sauve ? Que retenir des textes bibliques d’aujourd’hui ? Trois choses !
Premièrement. Nous sommes invités à reconnaître nos propres fautes qui sont comme des « serpents venimeux ». En effet, Dieu ne peut pas pardonner ce que tu ne reconnais pas comme faute. Cette reconnaissance passe par une vraie conversion de ton cœur. Tu reçois la grâce de conversion à travers le sacrement de réconciliation. Quand t’es-tu confessé pour la dernière fois ? Que chacun réponde dans son cœur.
Deuxièmement. L’Évangile d’aujourd’hui nous propose comme modèle Nicodème, un modèle d’humilité. Nicodème, qui se croit détenteur d’une science religieuse incontestable, se retrouve en position d’élève en face de Jésus, le seul vrai Maître.
Troisièmement. Nous vivons dans un monde imprégné par la souffrance, la maladie, l’indifférence, l’individualisme, le rejet de Dieu. Pour être sauvé, l’Évangile t’invite à regarder avec foi et amour vers Jésus élevé sur la Croix. C’est là tout l’enjeu du Carême : lève les yeux vers l’amour infini de Dieu qui t’appelle à t’ouvrir à son Amour et à sa Miséricorde.