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Répertoire

Philippe Henne

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6e Dimanche de Pâques

Ami, voilà un beau titre que l’on peut donner à quelques personnes.On a beaucoup de connaissances chez qui on peut aller manger. Mais desamis, des vrais, on en a peu. Ce sont ceux sur qui on peut compter, deshommes et des femmes qui resteront fidèles quand nous traverserons degrandes difficultés.

Mais s’agit-il bien de cela dans cet évangile quand Jésus utilise ce titre d’ami? Il semble bien que non, puisque le pauvre a connu la trahison même de ses plus proches compagnons, les apôtres, Pierre en premier. Quand il parle ainsi, Jésus veut bien marquer la différence de relations qu’il veut établir avec chacun d’entre nous. Nous ne sommes plus des serviteurs, c’est-à-dire des hommes soumis à son autorité, prêts à être battus si nous ne faisons pas ce qu’il veut. Nous sommes des amis, c’est-à-dire beaucoup plus que des partenaires. Des partenaires peuvent travailler ensemble sans grande amitié ou affection. Simplement par efficacité chacun évite les disputes ou les querelles. Le plus important, c’est que le boulot soit fait, que le contrat soit rempli. Le soir, on s’en va. On ne connaît plus.

Quand on parle d’ami, on se trouve à un tout autre niveau. Il ne s’agit plus de faire quelque chose, mais de vivre ensemble dans une relation de confiance et d’estime réciproque. Quand on a un ami, on a toujours comme un sentiment d’admiration pour lui, pour son courage, pour son dévouement, pour la qualité de son âme. Grâce à lui, on est comme grandi. Il nous permet de développer davantage ce que nous avons dans le coeur.



«Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis»

C’est la raison pour laquelle nous nous sentons comme stimulés à être dignes de cette estime et de cette affection. Ce n’est pas une obligation comme une règle ou une loi qu’on nous donnerait. C’est bien plutôt une stimulation, une incitation à être propres et dignes de cette rencontre. C’est ce que nous disons dans la prière eucharistique n° 2: « nous te rendons grâce car tu nous as estimés dignes de te servir. » Servir non pas comme des esclaves, mais servir comme la belle-mère de Pierre qui, une fois guérie par Jésus, ne sait pas quoi faire pour lui faire plaisir.

Nous aussi, touchés par l’amour de Jésus, nous ne savons pas quoi faire pour rester auprès de lui pour mieux goûter la douceur de sa présence. Et pourtant cela nous paraît impossible parce que nous ne pourrons jamais rendre ce que nous avons reçu: cet amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Bien au contraire, nous recevons encore et toujours plus. Aujourd’hui c’est son Corps et son Sang. Le Christ ne nous appelle pas simplement ses amis, il continue à nous combler de cadeaux et de présents tous les jours de notre vie. C’est à chacun d’entre nous de profiter de tout cela pour pouvoir l’offrir à notre tour à tous ceux et à toutes celles qui vivent avec nous dans cette communauté paroissiale, dans notre famille, dans notre quartier. Alors, oui, vraiment, nous serons les amis de Dieu parce que nous vivrons dans un monde de fraternité et de solidarité, nourris par l’amour de Dieu.