Dans cette église, on avait placé une grande statue de Jésus. Pendant que le chœur chantait « Le Christ est allé au ciel », la statue était soulevée lentement avec un fil. Et lorsque la chorale eut fini de chanter, la statue de Jésus avait disparu dans une lucarne du toit de l’église.

Le petit garçon qui regardait ce qui se déroulait devant ses yeux n’en revenait pas. Et lorsque la statue de Jésus eut disparu par la lucarne, il dit avec beaucoup de tristesse : « Maintenant, Jésus est parti ! »

Je dois vous avouer une vérité. Quand j’étais enfant, je pensais la même chose : « Maintenant, Jésus est parti ». Et je m’imaginais toujours que les Apôtres devaient être tristes, lorsqu’ils étaient redescendus du Mont des Oliviers vers la ville. Je me disais : Maintenant Jésus nous a laissés seuls, il est parti et moi aussi, je suis triste.

Mais heureusement la réalité est tout autre ! Le récit de l’Ascension dans l’Évangile de Luc a fait se dissiper ma tristesse d’enfant. L’Évangéliste Luc nous dit qu’après que Jésus eut été emporté au ciel, « les Apôtres retournèrent à Jérusalem, en grande joie » (Lc 24, 52). Vous l’avez certainement constaté, il n’y avait pas d’atmosphère de tristesse ni d’ambiance d’adieu du genre « Maintenant, Jésus est parti ».

La fête de l’Ascension du Seigneur ne signifie pas que c’est la fin. L’histoire de Jésus n’est pas terminée avec l’Ascension ! Non, elle continue autrement. Mais comment ? De la manière suivante :

Premièrement : Dans ses dernières paroles avant l’Ascension, Jésus tourne son regard vers l’avenir et donne à ses disciples une mission d’une dimension universelle : « Vous serez (…) mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8b). Dans son annonce de la Bonne Nouvelle, Jésus n’est pratiquement pas allé au-delà de la Judée et d’Israël.

Au jour de l’Ascension, Jésus nous invite à être des témoins, c’est-à-dire à continuer l’annonce de l’Évangile à toute l’Humanité et à nous engager pour les femmes et les hommes de notre temps comme lui l’avait fait : « Là où Jésus passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui » (Ac 10, 38). En qualité de témoin, as-tu fait le bien pour quelqu’un aujourd’hui ? Dans son Exhortation Apostolique « Evangelii nuntiandi », le Saint Pape Paul VI écrit : « Les hommes d’aujourd’hui préfèrent écouter les témoins que les savants, et s’ils écoutent les savants, c’est parce que ceux-ci sont des témoins. » Jésus a besoin de toi comme « témoin » pour poursuivre son projet.

Deuxièmement : Les disciples n’ont pas seulement reçu du Seigneur la mission d’être des témoins, mais aussi l’assurance de recevoir une nouvelle force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur eux (cf. Ac 1, 8a). C’est justement par la puissance du Saint-Esprit que Jésus a prêché et qu’il a accompli des signes et des miracles.

Avant son Ascension, Jésus a donné l’ordre à ses disciples de ne pas quitter Jérusalem, mais d’attendre dans la ville jusqu’à ce qu’ils reçoivent la force du Saint-Esprit. Les disciples sont effectivement restés ensemble pour prier jusqu’à la Pentecôte. Ils ont prié pour recevoir cette force du Saint-Esprit.

Où est la force du Saint-Esprit sur terre ? Où est la puissance du Saint-Esprit dans ma vie, dans ta vie ? Quand j’entends les informations à la radio ou à la télévision, il y a la guerre, il y a des menaces et des divisions dans le monde et dans nos familles. Où est donc passée la force du Saint-Esprit sur la terre ? L’Évangile d’aujourd’hui est-il une illusion ? Quelqu’un m’a dit un jour : « Père Jean-Bertrand, j’ai l’intime conviction que Dieu a pris des vacances. » Et je lui ai dit : « Pourquoi ? ». Il m’a répondu : « J’ai l’impression que Dieu m’a abandonné, il est parti ».

Tu as fait peut-être, toi aussi, l’expérience d’un tel sentiment d’abandon de Dieu dans ta vie quotidienne. Cela peut être dû à une maladie ou à des problèmes familiaux ou communautaires ou encore au travail. Mais sois rassuré car Jésus t’a promis sa proximité, sa présence à travers la force du Saint-Esprit. Nous croyons surtout que Jésus est vraiment présent dans l’Eucharistie.

Ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui dans notre Église, dans nos communautés, dans nos familles et dans notre vie, c’est la grâce de Dieu, la force du Saint-Esprit. Il nous arrive souvent de compter sur nos propres forces humaines, au lieu de composer avec la force du Saint-Esprit que le Seigneur nous a promise.

Quelle est la place du Saint-Esprit dans ta vie ? Je t’invite instamment à profiter de ces jours jusqu’à la Pentecôte pour prier afin que Dieu répande à nouveau sa grâce sur toi personnellement. Nous avons besoin d’urgence du Saint-Esprit.

Troisièmement : Après avoir reçu la force du Saint-Esprit, les disciples partent prêcher et reçoivent la confirmation qu’ils sont vraiment remplis du Saint-Esprit et que Jésus est vraiment avec eux.

Il est dit à la fin de l’Évangile d’aujourd’hui : « Ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient » (Mc 16, 20).

Si Jésus avait guéri à Capharnaüm un paralytique couché sur son lit (Mc 2, 1-12), Pierre et Jean ont guéri, au nom de Jésus, un homme infirme de naissance à la porte du Temple (Ac 3, 1-10). Par ton baptême, tu as reçu mission d’annoncer l’Évangile.

Depuis mon enfance et dans ma vocation comme frère dominicain, j’ai fait l’expérience des bienfaits de Dieu, de la grâce du Seigneur dans ma vie. Ce n’est pas un hasard si j’avais choisi le psaume 116, comme une de mes devises pour la Messe de prémices : « Comment rendrais-je au SEIGNEUR tout le bien qu’il m’a fait » (Ps 116, 12). Cette grâce de Dieu m’a fortifié et m’a aidé à supporter des moments difficiles dans la vie et à faire confiance au Seigneur. Si tu t’ouvres à la force du Saint-Esprit, crois-moi, Dieu te guérira, tu auras la paix intérieure et tu seras fortifié.

Au jour de la fête de l’Ascension, le message n’est pas « Maintenant, Jésus est parti ». Le message de l’Ascension du Seigneur est : Nous sommes dans la joie, car le Seigneur qui fut enlevé au ciel, nous confie une Mission : être ses témoins et compter sur la force du Saint-Esprit. Il continue à être avec nous tous les jours.

« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15).

Amen.