Dimanche de Pâques
La Résurrection du Seigneur

J’ai entendu une fois quelqu’un raconter l’histoire suivante :

« Un couple prévoit de fêter son vingtième anniversaire de mariage en Afrique du Sud. Et ce, parce que c’était là qu’ils avaient déjà passé leur premier voyage de noces. Tous les deux sont encore actifs professionnellement et ils voulaient voyager ensemble le même jour. Mais pour des raisons de différence d’agenda, le couple ne peut réserver le même vol pour l’Afrique du Sud. Ainsi, le mari doit voyager un jour plus tôt.

Et à son arrivée, il envoie un mail à sa femme depuis l’hôtel pour l’informer qu’il est bien arrivé. Mais il se trompe et choisit une autre adresse e-mail. Et voilà que le message arrive justement chez une femme qui a enterré son mari la veille. L’histoire ne dit pas qui l’a enterré. Mais lorsque la femme ouvre l’e-mail, elle retient son souffle. Pourquoi ?

Elle lit : ‘Ma chérie, je sais que tu es surprise d’avoir de mes nouvelles. Mais ici, il y a enfin des ordinateurs pour que je puisse t’écrire. Je viens d’arriver et je me suis déjà enregistré. Comme j’ai pu le voir, tout est déjà prêt pour ton arrivée demain. Je m’impatiente de te revoir et j’espère que ton voyage se passera aussi bien que le mien.

PS : Il fait très chaud ici‘.

L’histoire du voyage de noces en Afrique du Sud nous permet d’entrer au cœur de ce que nous célébrons aujourd’hui : la Résurrection de Jésus d’entre les morts. Elle agit comme un écho à la joie de l’Apôtre Paul qui, en voyant la victoire pascale de Jésus ressuscité, lance un défi au dernier ennemi de la vie : « Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? » (1 Cor 15,55). Ce n’est pas la tristesse qui doit avoir le dernier mot, mais la joie pascale et la foi en Jésus ressuscité.

Les trois premiers jours de la Résurrection n’ont pas été joyeux. En effet, la mort de Jésus sur la croix a été une grande déception et frustration pour les Disciples. Ils avaient placé leur espoir en Jésus comme le Messie, mais sa mort est une catastrophe.

Après Pâques, deux Disciples quittent Jérusalem et sont en route vers leur village d’Emmaüs. On dit qu’Emmaüs se trouve à environ trente kilomètres à l’ouest de Jérusalem. Seul l’un des deux nous est présenté par son nom : Cléopas. L’Évangile ne mentionne pas le nom de l’autre disciple. Selon une tradition, il s’agirait de l’Évangéliste Luc lui-même.

Déçus par la mort de Jésus, les deux Disciples s’éloignent de Jérusalem. Pourtant ils avaient déjà entendu la première Prédication de Pâques de la bouche des femmes. Elles étaient allées au tombeau à l’aurore, et avaient rapporté qu’elles avaient vu le tombeau vide. Elles avaient eu une vision des deux anges qui leur avaient dit que Jésus était vivant.

Une question très importante pour nous aujourd’hui : Comment une foi frustrée devient-elle une foi joyeuse ? Comment passer du désespoir à la joie pascale ? C’est le thème principal de cet Évangile des Disciples d’Emmaüs. À première vue, ce n’est pas seulement grâce aux Prédications pascales, car les Disciples avaient déjà entendu dire que Jésus était ressuscité, qu’il était vivant.

Disons toute suite qu’une foi frustrée devient une foi joyeuse et rayonnante par la « Rencontre personnelle avec Jésus ressuscité ». Cette rencontre avec le Ressuscité peut se faire de trois manières :

Premièrement : À quel moment Jésus intervient-il quand les deux Disciples se rendent à Emmaüs ? Il est dit que c’est pendant qu’ils parlaient entre eux de Jésus, de ce qu’il Lui était arrivé à Jérusalem et de tout ce qu’ils avaient vécu avec Lui. Au moment où ils parlaient de Jésus, celui-ci apparaît soudain au milieu d’eux et marche avec eux. Ils ne le reconnaissent pas ; ils pensent que c’est « un voyageur ».

Une question nous est posée : Parlons-nous encore entre nous, dans nos familles, dans nos lieux de travail et dans nos communautés de Jésus ? Le nom de Jésus est-il présent dans nos conversations ? Je suppose que nous parlons de l’Église, du Pape, de l’administration, etc. Quand nous parlons entre nous de Jésus, Il est toujours avec nous. Il nous accompagne sur notre chemin. « Je suis le chemin » (Jn 14, 6).

Deuxièmement : En route vers Emmaüs, Jésus dit aux deux Disciples : « N’avez-vous jamais lu le prophète Isaïe ? » Il leur interprète le passage d’Isaïe qui préfigure la souffrance du Christ. Bien qu’innocent, le Messie a porté les péchés et les souffrances de l’humanité (cf. Is 53, 4). Tout à coup, le cœur des Disciples s’enflamme de compréhension. Ils découvrent ce que Dieu avait annoncé bien auparavant : que son Messie devrait prendre ce chemin de souffrance.

C’est alors que les deux Disciples reconnaissent Jésus non pas avec les yeux, mais avec le cœur. Si tu commences à lire la Bible de cette manière, c’est-à-dire avec les yeux de ton cœur, avec tes propres soucis et ta souffrance, et que tu te laisses ensuite expliquer la Bible par Jésus, tu découvriras que ta détresse, ta tristesse, tes doutes et tes questions sont présents dans la Bible. Tu découvriras qu’ils sont pris au sérieux par Dieu. Et c’est là que tu feras l’expérience des Disciples : ton cœur commencera à brûler de la joie pascale.

Troisièmement : Si nous lisons attentivement l’Évangile d’aujourd’hui, c’est Cléopas qui invite Jésus dans sa maison : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse » (Lc 24, 29). Qui est l’invité ? L’invité, c’est Jésus. Dans la tradition juive, c’est le Maître de maison qui doit normalement dire la prière de louange et rompre le pain. Mais ici le rôle s’inverse. Quand ils entrent dans la maison, c’est Jésus qui prend l’initiative : Il prononce la bénédiction, il rompt le pain et le leur donne. Et c’est là que les Disciples reconnaissent le Ressuscité de leurs yeux. C’est Jésus qui assume automatiquement le rôle de « Maître de maison ».

Et à nouveau, la question t’est posée ici et maintenant : Jésus peut-il avoir le rôle de Maître dans ta vie ? Est-ce que c’est Jésus qui commande ta vie ? À partir du moment où Jésus devient le Seigneur dans ta vie, c’est là que se produit la rencontre avec le Ressuscité. Que Jésus n’ait pas seulement un « rôle d’invité », comme de temps en temps lors d’un baptême, d’une première communion, d’un mariage ou d’un enterrement ; non, qu’Il soit vraiment le Seigneur chaque jour de ta vie.

C’est dans ces trois moments que les Disciples d’Emmaüs reconnaissent le Ressuscité. Celui qui fait une telle expérience de la rencontre avec le Ressuscité dans sa vie est poussé à la raconter aux autres. Tu ne peux plus la garder pour toi.

Et ce cœur brûlant, cette joie pascale profonde qui vient de la rencontre avec le Ressuscité, je vous la souhaite de tout cœur en ce Temps pascal. Encore une fois les trois moments de la Rencontre avec le Ressuscité, en résumé :

Parle de Jésus,

Fais vivre la Parole de Dieu au milieu de tes soucis, de tes questions, de tes doutes et de tes détresses,

Et permets au Ressuscité d’être le Seigneur dans ta vie.

Et tu constateras qu’Il est toujours là et te tient par la main.

Amen. Alléluia !