Quand nous sommes à la messe, nous passons la première partie de la liturgie à écouter et à méditer la Parole de Dieu, mais cela reste encore fort intellectuel. Cela nourrit notre intelligence et parfois cela touche nos coeurs. Nous sommes plus que cela. Nous avons un corps et cela veut dire que nous avons besoin de voir, de sentir, de goûter ce qui se passe autour de nous et même en nous. C’est cela que le Fils de Dieu a voulu faire en se faisant homme. Il n’a pas seulement voulu faire de grands signes depuis le ciel, ou nous envoyer des messagers qui parleraient à sa place. Non! Il a voulu se montrer, se laisser toucher, se laisser voir. C’est cela, le grand cadeau de l’Incarnation. Non pas un dieu abstrait et éloigné, un pur esprit qui ne parlerait qu’à des esprits, mais un Dieu qui a voulu partager avec nous la souffrance de la chaleur ou du froid, la douleur de la tristesse, et les petits moments de bonheur avec des amis ou en famille.
L’Eucharistie n’est donc pas tombée du ciel par accident. Elle fait partie du grand projet de Dieu de se rendre immédiatement accessible. Nous pouvons toucher Dieu, nous pouvons le voir, nous pouvons le recevoir. C’est tout d’abord une nourriture pour la route, pour notre route sur la terre. Comme des voyageurs prennent leur pique-nique quand ils partent pour un long voyage, de la même façon nous avons nous aussi notre propre nourriture pour la route de la vie, mais ce n’est pas nous qui l’avons préparée, c’est Dieu qui nous l’a donnée.
Et cette nourriture, ce n’est pas n’importe quoi: c’est le Christ lui-même. En se donnant à chacun d’entre nous, il nous transforme comme la nourriture peut transformer le corps d’un homme ou d’un enfant. La tomate et la carotte n’ont pas le même effet dans le corps d’un petit bébé. De la même façon le corps du Christ dans notre propre corps a aussi son effet. Comme le Christ est immortel, nous aussi, peu à peu nous devenons immortels en mangeant ce corps éternel. Nous devenons ce que nous mangeons.
C’est pour cela que c’est un très beau cadeau que notre paroisse fait aux petits enfants qui recevront la première communion: nous leur donnons déjà un avant-goût de la vie éternelle et de l’amour impérissable. Nous pouvons prier pour eux et pour leurs parents pour que tous, enfants comme parents, goûtent cette merveille et aient encore envie de le recevoir et qu’ils reviennent ensuite régulièrement à la messe par la suite. C’est peut-être à nous de les encourager à devenir enfants de choeur, c’est-à-dire à trouver leur place dans l’église en rendant service auprès de l’autel.
La Sainte Eucharistie n’est pas simplement quelque chose que l’on regarde et que l’on voit. C’est avant tout un cadeau adapté notre humanité. Nous avons besoin de signes concrets d’amour, pas simplement de beaux discours. Et cela nous permet d’accomplir nous aussi des gestes d’amour pour ceux que l’on aime et même pour ceux que l’on aime un peu moins.
Philippe Henne op