C’est comme ça qu’on découvre que ce n’est pas évident d’aimer et de vivre ensemble. Tout d’abord, il y a la rencontre émerveillé et inattendue, mais bien vite il y a ensuite la découverte de la réalité, la réalité de ce qu’il est vraiment et la réalité de ce qu’on est vraiment. Alors on se demande comment vivre avec un bazar pareil. La splendeur de ses chaussettes qui traînent par terre ne provoque pas le délire amoureux, ni un chant de louange à Dieu. Alors comment faire ? Eh bien, ce que nous faisons ici ce matin. Tout arrêter et prendre le temps de se rappeler les merveilles du passé. Se souvenir de la première belle rencontre. Non pas par nostalgie, mais pour retrouver ce moment de surprise et d’enthousiasme. C’est ce que le peuple juif fait sans cesse : se rappeler la sortie d’Egypte et la rencontre au Sinaï. Ce moment de libération et de vie nouvelle. De la même façon, c’est à chacun d’entre nous de ses rappeler le moment de la première et vraie rencontre ave l’autre, avec Dieu, ce moment où on a commencé à exister et à vivre vraiment. Il faut faire attention car la poussière de la vie et la boue des déceptions peuvent recouvrir ces perles précieuses dans notre cœur. Il faut les laver et les frotter. Oui, alors ces petites pierres peuvent briller et les petits moments de bonheur du passé peuvent à nouveau nous rappeler pour qui et pourquoi nous sommes ici.
Mais tout cela n’est-il pas fort égocentrique ? Est-ce que nous sommes ici pour parler de nous ou pour rencontrer quelqu’un d’autre ? Et tout d’abord quel est-il cet homme qui nous parle aujourd’hui de Jésus-Christ ? C’est saint Marc, un apôtre, un martyr. Il faut être fort et courageux pour pouvoir écrire que la graine de la Bonne Nouvelle croît et se développe en secret. Saint Marc a encore le cri des suppliciés dans les oreilles et l’odeur de la chair brûlée quand il écrit cela. Il faut y croire.
Et pourtant ce fut l’attitude de la Vierge Marie. Cet enfant qu’elle a eu de façon étonnante n’avait pourtant rien de bien exceptionnel. Oui, d’accord, il a fait une fugue au Temple de Jérusalem, mais il a fallu attendre trente ans pour qu’il se décide à sortir et à faire quelque chose. Et encore, ce n’était pas toujours bien efficace. La preuve, c’est qu’il se mit à dos toutes les autorités religieuses. Et ce fut la grande solitude entre la crucifixion et la Pentecôte. Marie aurait pu retourner chez elle pour pleurer. Non, elle est restée avec les apôtres pour prier et elle a reçu la grâce du Saint-Esprit. Et elle est devenue notre Mère à nous tous.
Oui, le grain de la Parole de Dieu grandit et se développe dans notre cœur, mais il donne un fruit inattendu, non pas le fruit de la consolation qui rétablirait les choses comme avant, mais un fruit de vie nouvelle qui nous entraîne dans une nouvelle aventure, celle de l’amour infini.