Jésus le rappelle en prenant l’exemple d’un enfant. « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille ». Il n’était pas bon d’être un enfant dans l’Antiquité. Saint Augustin, à la fin de sa vie, a écrit qu’il ne voudrait plus jamais revivre ses années d’enfance tellement il avait été maltraité, même par sa mère, saint Véronique. Le mot éducation en grec est d’ailleurs révélateur de ce climat de violence. Le mot paideia en grec, qui a donné pédagogie en français, ce mot signifie aussi bien éducation que punition et châtiment. Les enfants n’avaient aucun droit dans l’Antiquité. Sous la République romaine, le pater familias avait droit de vie et de mort sur ses propres enfants. Quand Jésus prend un enfant sur ses genoux, il nous invite à accueillir les hommes et les femmes qui ont tout perdu, qui n’ont plus aucun droit, aucune protection. Ce sont des gens qui sont livrés à la merci de l’administration ou de requins qui profitent de leur détresse pour les réduire en esclavage. C’est là le génie d’une femme comme Mère Teresa. Elle s’est occupée d’hommes et de femmes qui agonisaient, seuls, dans les rues de Bombay. Ils étaient réduits à l’état d’objets malsains et répugnants. Et c’est là sans doute le défi que nous lance Jésus-Christ aujourd’hui : accueillir celui ou celle qui ne nous intéresse pas, lui rendre sa dignité d’enfant de Dieu, lui permettre de sourire avec les yeux. C’est tellement beau quand une lumière intérieure éclaire le visage d’un homme abandonné, d’une femme désespérée. Prenons donc aujourd’hui, en quittant l’église, le risque de saluer quelqu’un que nous ne connaissons pas et de lui souhaiter tout simplement un bon dimanche. Ce sera peut-être pour lui ou pour elle la seule fois que quelqu’un lui parlera aujourd’hui.