Pharisiens et Hérodiens s’allient pour tendre un piège à Jésus. Voilà une alliance plus qu’étonnante, nous pourrions même aller jusqu’à affirmer qu’elle est absolument contre nature. En effet, les pharisiens étaient des juifs conservateurs clairement nationalistes, et les Hérodiens quant à eux se complaisaient dans leur rôle de collaborateur avec l’occupant romain. Des ennemis s’unissent donc pour mettre à mal celui qu’il considère comme un danger tel qu’ils sont prêts à dépasser leurs différends respectifs. Mais pas de chance pour eux. Ils tombent sur un génie politique qui en quelques mots les remet à leur place et les confond dans leur hypocrisie de fausse unité. « Rendez-donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Tout est dit. Contrairement à ce qu’il aurait pu penser, César n’est que César. Il ne sera jamais Dieu. Personne sur cette terre ne peut prétendre occuper cette place divine. Dès lors, en tant que César, celui-ci a des droits dus à son rang mais aussi un ensemble d’obligations à respecter. Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Eh bien, chacune et chacun d’entre nous, nous pouvons être appelés à devenir à notre niveau un ou une César. Nous le sommes lorsque nous occupons des fonctions politiques, des responsabilités administratives ou de direction. Nous pouvons également l’être lorsque nous sommes supérieurs de communauté, animateurs de mouvements de jeunesse ou encore simplement parents. Tout César qui a correctement compris son rôle, exerce une fonction d’autorité pour le bien de sa propre communauté et non pas un pouvoir risquant d’écraser celles et ceux qui lui ont été confiés. Lorsque nous exerçons notre autorité de César, ne nous identifions jamais à celle-ci. Elle s’inscrit toujours dans un temps déterminé pour un service donné. Même au sein de nos familles, les enfants quittent un jour le nid. Les parents resteront toujours des parents mais leurs relations évolueront également avec leurs propres enfants. Etre donc César n’est pas d’abord un titre dont nous nous affublons mais plutôt une tâche à vivre, une manière de nous consacrer au bien-être de nos proches qui ne nous appartiendront jamais. C’est la raison pour laquelle, il est fondamental de ne jamais oublier de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu ». En effet, nous sommes en Dieu et Celui-ci offre à chacun de ses enfants une destinée à accomplir. Celle-ci s’inscrit dans la douceur de l’amour donné et reçu, dans la bienveillance d’une tendresse relevante, dans un regard empreint de compassion bienfaitrice. En acceptant à notre tour de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, nous acceptons que nous ne le sommes pas et que nous mettons nos pas à la suite de ce que le Fils de Dieu est venu nous proposer comme chemin de vie. En effet, dès l’instant de la création des êtres humains, Dieu est devenu omnipotent de douceur, omniscient de tendresse, omniprésent d’amour. Voilà ce que nous sommes dorénavant appelés à vivre à notre tour. Nous ne sommes pas sur cette terre pour chercher à prendre le pouvoir et à parfois en abuser. Non, nous sommes ici pour exercer une autorité de croyantes et croyants qui par leur manière de vivre leur vie deviennent contagieux de ce qui vit au plus profonds d’eux. C’est en ce sens qu’il est heureux que nous ajoutions cette troisième partie : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu pour donner à l’humain, ce qui est à l’humain ». Qu’avons-nous reçu ? Quelque chose de merveilleux qui est inscrit en chacune et chacun de nous. Toutes et tous, ici sur cette terre, nous sommes créés à l’image de Dieu. C’est une affirmation à la fois biblique et anthropologique. Etre image de Dieu est une donnée caractéristique de notre humanité et elle ne pourra jamais nous l’être enlevée. Images de Dieu, nous le sommes par nature. Nous sommes donc toutes et tous, capax Dei, capables de Dieu, c’est-à-dire des femmes et des hommes qui cherchent à advenir à eux-mêmes pour un jour partager la vie divine. Ce partage n’est pas une promesse pour demain, elle se réalise déjà dans l’aujourd’hui de nos vies lorsqu’à notre tour nous devenons omnipotents de douceur, omniscients de tendresse et omniprésents d’amour.
Amen.