C'est lui qui, pendant la Dernière Cène, crie avec tous les autres : non, Jésus, nous ne t'abandonnerons pas (Matthieu 26, 35). Et c'est vrai que, quand tout va bien, on est prêt à crier notre joie d'être chrétien. On est même prêt à réformer l'Eglise pour qu'elle soit plus vivante, plus proche du peuple, moins hiérarchique. On est prêt à donner des leçons à tout le monde, au pape, aux évêques, aux prêtres, aux vicaires. Mais quand viennent les grandes difficultés, c'est la débandade, le découragement, l'éloignement. Non, je ne vais plus à l'église parce que le curé ne me plaît pas, parce que le vicaire est vraiment trop bête. Après l'enthousiasme, c'est le découragement, l'abandon. Et pour revenir, il nous faut un signe fort, quelque chose de concret, de révolutionnaire. Et qu'est-ce que Thomas a touché ? Des plaies, des trous dans la chair. Thomas a découvert l'amour dans la souffrance.

Et c'est là, sans doute, un peu l'ambiguïté de toute notre attente. Nous attendons, nous espérons une vie calme et paisible, rayonnante de la chaleur d'un amour perpétuel. Et nous voyons que le Christ a renoncé à son confort du ciel, aux milliers d'anges qui l'adorent et qui le servent. Il est venu parmi nous par amour. Et qu'a-t-il rencontré ? La trahison, la souffrance, la mort. Et c'est cela sans doute que saint Thomas a découvert tout émerveillé : l'immensité de l'amour de Dieu pour chacun d'entre nous. Dieu a renoncé à la vie, à l'amour, au succès pour nous arracher à la solitude et au désespoir. Alors, oui, sans doute, puissions-nous, nous aussi, comme saint Thomas, nous exclamer, tout étonnés : « mon Seigneur et mon Dieu ». Puissions-nous, nous aussi, parfois renoncer à notre confort pour offrir aux autres le meilleur de nous-mêmes, l'amour que Dieu a pour chacun d'entre nous.