Une légende, une douce légende pour nous dire tout simplement ce matin (soir), en ce dernier dimanche de notre année liturgique, qu'il ne faut pas désespérer, qu'il est toujours temps, même en des temps apocalyptiques. Temps pour quoi, me direz-vous ? Un temps pour se convertir. Il n'est jamais trop tard quand il s'agit de Dieu. Au cours des étapes de nos vies, nous avons parfois l'impression que nous avons raté des marches, que nous sommes passés à côté d'occasions qui ne se sont jamais représentées. Etait-ce par crainte, par manque de courage, par aveuglement, par trop de préoccupations ? A chacune et chacun d'y répondre dans le silence de son coeur. Et nous pouvons le regretter, notre vie aurait sans doute été autre. Comme le dit le philosophe, nous ne nous baignons jamais deux fois dans la même eau de la rivière. C'est passé, c'est passé et tant pis. Si ceci semble être vrai pour la vie, il en va, d'après l'évangile de ce jour, autrement pour Dieu. Nous ne sommes jamais devenus trop âgés. Tant que le souffle de vie est en nous, même la dernière seconde, il est toujours temps pour se tourner vers le Christ. Comme si Jésus nous disait, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Et quelle espérance : « aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ».

Ne perdons jamais espoir, ni pour nous, ni pour celles et ceux qui nous entourent, tout peut arriver, même au dernier instant nous dit Jésus. La conversion, cela ne se commande pas. Nous pouvons toujours nous laisser surprendre pour vivre un jour dans ce Paradis promis. De celui-ci nous savons bien peu de choses, si ce n'est que c'est un mot persan qui signifie, un jardin entouré d'une muraille. Quand un roi perse souhaitait offrir certains honneurs à un de ses sujets, il faisait de lui « un compagnon de jardin », c'est-à-dire que cette personne était élue pour se promener avec le roi dans le jardin. Quel honneur, quel moment de bonheur de pouvoir passer quelques instants avec son roi pour le rencontrer dans cette intimité relationnelle. Et voilà une tradition royale persane, traduite en invitation royale mais divine cette fois. Christ-Roi, que nous célébrons aujourd'hui, nous convie, sur le bois de nos croix respectives, à un jour, prendre place au Paradis. De la sorte, Jésus nous invite à quelque chose de plus grand encore que la vie éternelle. Il nous promet, tout simplement, de venir partager son chemin divin pour le temps de l'éternité. Il fait de nous ses propres « compagnons de jardin », comme si, pour lui, une promenade au Paradis, c'était à jamais de vivre pleinement de cette vie divine à laquelle toutes et tous nous avons été appelés. Comment mériter un tel honneur, sommes-nous en droit de nous demander ? Simplement. Tout simplement. En nous tournant vers Jésus, en faisant ce chemin intérieur de conversion de le reconnaître pleinement comme Fils de Dieu. Alors, en choeur, nous pourrons lui chanter : « Jésus, souviens toi de moi, quand tu viendras inaugurer ton Règne ».
Amen.