Cette foi, il est évident que chacune et chacun d'entre nous, nous la vivons avec ce que nous sommes, façonnés par nos expériences de vie, nos histoires personnelles, nos états d'âme. Et voilà que ce matin (soir), le Christ nous pose cette question : « m'aimes-tu ? ». Difficile d'aimer quelqu'un que nous n'avons jamais vu pourraient dire certains. Et pourtant nous sommes là aujourd'hui, venu lui rendre une petite visite. Notre façon de l'aimer, de répondre positivement à son invitation est éminemment personnelle. Nous n'aurions pas assez de la mémoire du plus puissant ordinateur pour mémoriser tous les chemins de rencontre avec Dieu qu'il soit Père, Fils ou Esprit. Mais le Christ ne se contente pas d'une réponse positive : « oui, Seigneur, tu sais que je t'aime ». Il attend de nous que nous partions à sa rencontre. Comment ? Tout simplement, comme le récit évangélique le souligne. Dieu se rencontre au coeur de nos vies, là où nous sommes. Je ne crois pas que Dieu se rencontre uniquement dans nos églises, ou encore dans des lieux précis, propices à la méditation, au silence intérieur. Dieu se laisse découvrir là où nous vivons. Il est présent dans notre vie quotidienne. C'est peut-être un peu pour cela que le sondage réalisé dans nos paroisses nous a fait découvrir que pour certains, l'eucharistie est le seul lieu où je rencontre Dieu. Mais alors, si je rate, un dimanche, cela signifie-t-il que Dieu devra attendre la semaine suivante pour que je prenne un peu de temps avec lui. La question a le mérite d'être posée en tout cas.
Pourtant, Jésus Ressuscité n'attend pas que ses disciples soient à nouveau entre eux, dans un endroit calme pour se révéler à eux. Il offre sa présence alors qu'ils sont en plein travail. Un peu comme s'il nous envoyait un petit clin d'½il pour nous dire, partout où vous êtes, quoique vous fassiez, je suis avec vous. Non pas comme un oeil qui contrôle, vérifie mais comme une présence toute attendrissante dont le regard d'amour se donne à vivre en plénitude chaque fois que nous le souhaitons, chaque fois que nous nous tournons vers lui. Dieu s'offre à nous dans notre quotidien. Vivre sa foi, ne se réduit pas à une pratique. Vivre sa foi, c'est respirer Dieu et prendre un peu de temps hors du temps chaque fois que l'occasion ou l'envie est là. C'est la raison pour laquelle j'aime cette phrase d'un de mes frères dominicains : « ma voiture est ma chapelle ». Cette affirmation, je l'ai faite mienne et il m'est déjà souvent arrivé de rater des sorties d'autoroute parce que j'était bien avec Dieu tout en conduisant. En voiture, en promenade, dans la nature ou encore en travaillant, abandonnons-nous et laissons à Dieu de l'espace dans notre quotidien. Nos gestes, nos regards et nos vies changeront de ton puisqu'ils seront inscrits dans l'amplitude du divin. « Et toi, m'aimes-tu ? », demande Dieu. Je ne puis répondre à votre place. A nous de le faire, chacun séparément et de se laisser envahir de sa présence dans tous ces petits moments qui font la richesse de nos vies.
Amen.