On dira ce que l’on voudra mais il faut quand même bien admettre qu’à la lecture de ces différents versets qui ont été proclamés au cours des siècles précédent l’incarnation du Fils de Dieu, le Père avait quand même clairement fait savoir que les holocaustes et les sacrifices n’avaient pas sa faveur et que ce n’était pas de cette manière que nous avions à lui rendre grâce. Son Fils s’inscrit donc bien dans la lignée des prophètes et à son tour, dénonce les pratiques du temple. D’une certaine manière, en renversant les tables du temple, le Christ renverse également un certain type de religion : celle qui vit l’incohérence entre ce qui est célébré et ce qui est vécu dans la vie quotidienne. Et si le Fils de Dieu revenait aujourd’hui au cœur de notre monde comme il l’a promis, agirait-il différemment avec nous ? Notre foi en Dieu est-elle en cohérence avec ce que nous vivons tous les jours ? Il ne nous suffit pas seulement de venir le dimanche déposer ce que nous avons vécu et rendre grâce pour les bienfaits de la vie ou de demander voire d’exiger une vie meilleure. Dieu semble attendre encore autre chose. La première lecture de ce jour, nous rappelle que sur la montagne du Sinaï, Dieu a donné les dix commandements à Moïse. Ce ne sont pas de simples lois mais des véritables paroles de vie. Et ce qu’il est intéressant de se rappeler, c’est que trois d’entre elles sont orientées vers Dieu et les sept autres concernent nos frères et sœur en humanité. Nous pourrions le dire autrement : pour bien vivre avec Dieu, il nous faut également bien vivre avec celles et ceux de qui nous nous faisons proches. C’est en ce sens que le temple doit aujourd’hui encore être débarrassé de nos propres comptoirs inutiles et de nos marchandages. Par notre baptême, toutes et tous, nous sommes devenus le Temple de l’Esprit Saint. Dieu n’a pas besoin d’holocaustes ni de sacrifices. Il nous convie à découvrir, redécouvrir en ce temps de Carême, que le lieu même de sa rencontre se vit au plus profond de nous mais également chaque fois que nous permettons aux autres d’advenir à eux-mêmes en toute liberté, que nous leur rendons leur dignité, que nous les accompagnons sur le chemin de leur destinée. En Dieu, nous sommes unifiés les uns aux autres. Que notre vie de foi soit à jamais en cohérence avec notre vie quotidienne.
Amen.
Troisième dimanche du Carême
Il n’y a pas de dicton qui décrit mieux cette colère du Christ que celui de reconnaître que, cette fois, « la moutarde lui est vraiment montée au nez ». Alors que nous avons toujours appris au catéchisme que Jésus était gentil, voilà que nous découvrons une autre facette de sa personnalité. Il peut, lui aussi, se mettre en colère. En fait, un peu comme chacun de nous. Combien de parents, d’enseignants, d’éducateurs ne se sont-ils pas un jour mis en colère car ils étaient tout simplement fatigués de répéter toujours la même chose et de ne pas avoir le sentiment d’être entendu. A un moment donné, il y a cette goutte qui fait déborder le vase. La colère surgit, elle est parfois un peu incontrôlée, voire violente. « Trop is te veel ». Cette attitude nous pouvons la comprendre voire l’excuser entre êtres humains. Mais comment la justifier pour le Fils de Dieu. Ce dernier avait une très bonne connaissance des Écritures. A son tour, il en a eu assez que le message envoyé par les prophètes depuis des centaines d’années n’étaient pas entendus. Ouvrons à notre tour notre Bible et redécouvrons tous ces passage où Dieu, par l’entremise de ses prophètes, s’adresse à son peuple. Commençons par Samuel: « Le Seigneur aime-t-il les holocaustes et les sacrifices autant que l’obéissance à sa parole ? Oui, l’obéissance vaut mieux que le sacrifice, la docilité vaut mieux que la graisse des béliers » (15:22). Ensuite, Isaïe : « Que m’importe le nombre de vos sacrifices ? – dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’y prends pas plaisir » (1:11). Poursuivons avec Jérémie : « Que m’importe l’encens de Saba, ou les aromates d’une terre lointaine ? Vos holocaustes ne me plaisent pas, vos sacrifices ne me sont pas agréables » (6:20). Et ce n’est pas fini, Osée rappelle ce que Dieu lui a inspiré : « Je veux la fidélité, non le sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes » (6:6). Et enfin, le prophète Amos : « Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je ne les accueille pas ; vos sacrifices de bêtes grasses, je ne les regarde même pas » (5 :22).