Cela peut paraître étonnant et pourtant, contrairement à ce que certains pensent, croire au Dieu de Jésus-Christ ne nous conduit pas à entrer dans une dynamique d'esclavage, de perte de son autonomie. Non croire au Dieu de Jésus Christ, un seul Dieu révélé à nous en trois personnes, est pour chacune et chacun de nous une chance unique de ne lier sa vie qu'à un seul Dieu et non plus à plusieurs. Croire au Dieu de Jésus-Christ fait de nous des êtres libres, profondément libres car nous acceptons que c'est à sa suite et uniquement à la sienne que nous marchons sur le chemin de notre vie. En d'autres termes, croire au Dieu de Jésus-Christ, c'est accepter de n'avoir qu'un seul guide nous ouvrant la voie au bonheur, qu'une seule lumière éclairant nos existences. Croire au Dieu de Jésus Christ nous permet ainsi d'écrire nos vies au rythme de l'évangile qui nous propose toujours un chemin nous conduisant vers la divinisation de notre propre humanité. Y a-t-il plus grande expérience de liberté que celle-là ? Je ne le crois pas.

Et ce Dieu qui nous rassemble aujourd'hui encore est notre lien commun. Entre nous, il existe des différences culturelles, sociales, intellectuelles, physiques et d'autres encore. Mais croire en Dieu, tel qu'il nous est révélé dans les Ecritures, nous permet, par-delà ces différences qui existent, de d'abord voir ce qui nous rassemble, ce qui nous ressemble. Sans doute que vu de la terre, il existe des diversités, des rivalités mais nous pouvons espérer que vu du Ciel notre foi commune est belle à voir. Entre nous, nous formons une certaine unité. Toutes les religions du monde partagent des valeurs similaires, même si parfois l'intensité de ces dernières varie de l'une à l'autre. Il en va également de la sorte quant à notre unité de foi en tant que chrétiens. Les différentes branches de cette foi précisent et dévoilent à leur manière une partie du mystère divin. Chacune cherche à donner des réponses possibles à l'accomplissement de notre destinée en Dieu.

Le Dieu de Jésus-Christ s'adresse au plus profond de nous en nous souhaitant « une bonne liberté », c'est-à-dire cette liberté d'enfant de Dieu de croire en Lui car le Royaume des cieux est tout proche. Toutefois, notre bonne liberté de croire, don de Dieu par excellence, n'est pas quelque chose de statique. Elle est plutôt dynamique, en mouvement. En fait, toute bonne liberté a besoin de s'exprimer pour exister. Tout comme Paul, nous ne sommes pas d'abord là pour baptiser mais plutôt pour annoncer cet évangile qui nous rassemble pour que nous le ressemblions. L'annoncer tout simplement, à partir des êtres que nous sommes, avec les dons que nous avons reçus. Ce n'est pas pour rien que les premiers disciples de Jésus étaient des pêcheurs. Dieu le Fils n'a que faire de belles phrases bien construites, agréables à entendre. Il attend de nous de prêcher son évangile avec des paroles sans dorures, des paroles vraies qui viennent du tréfonds de notre âme. Au risque de me répéter, Dieu a besoin de chacune et chacun de nous. La révélation aux autres du mystère du Tout Autre passe par nous. C'est avec nos mots, nos gestes que nous devenons, en tant que baptisés, prêcheurs de sa bonne nouvelle. Chacun à sa manière. Telle est la liberté de l'évangile. Telle est la liberté des enfants de Dieu. Puisse alors résonner en nous cette parole adressée par Dieu : « bonne liberté, mon enfant. Vis ta foi. Annonce-Moi ».
Amen.